Thursday, 3 August 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (21) : la petite porte

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


VINGT ET UN

21 comme ce siècle.

21, comme 3 x 7, 7 étant le Ciel.

Le Grand Ciel silencieux, impavide mais pas vide pour autant.

Pendant 21 jours, j’ai laissé monter l’inspiration spontanée… au départ d’un texte, d’un mot,  d’une impression, d’une idée qui passait par là.

Au bord de cette source en Bourgogne dans le petit matin frais…
Au fond d’un verre d’excellent vin…
Au long d’un trajet en train où le monde défile devant mes yeux…
Autant que cela surgissait…

On peut être intarissable sur le sujet du Shiatsu, c'est infini.

Vaut-il mieux parler ou se taire ? Bouger ou rester tranquille ? Il n’y a pas de ‘ou’ et même pas de ‘et’, il y a.

Le mouvement naît de l’immobilité et y retourne, la parole naît du silence et y retourne. Ce ne sont que des opposés en apparence.

J’en connais des très tranquilles qui donnent une séance en virevoltant, en dansant presque… et moi qui suis plutôt actif, je peux ne pas bouger longtemps en pratiquant. Cela dépend. De quoi ? Du moment, de qui est là, de la direction du vent...

Apparences

Regarder, écouter, goûter, sentir, mais surtout, toucher.

Avant tout, toucher et se laisser ainsi toucher. En ce sens, le Shiatsu est partout, tout peut être Shiatsu, tout est inspiration, captation, écoute, entendement…Tactilité avec tout et tout le temps, ressenti profond, kokoro.

Qui est là ? Qui fait quoi ? On ne sait pas, et tant mieux. 

Marc Halévy (Kabbale érotique et mystique, le Cantique des Cantiques) : ‘Au fond du soi, comme le savent tous les mystiques ( on pourrait dire : méditants un peu assidus) de toutes les contrées et de toutes les époques, s’ouvre une porte étroite et ténue, cachée et secrète, qui s’ouvre sur le Soi, c’est-à-dire sur l’Ame du Tout, sur l’Ame cosmique, sur l’Esprit divin. Cette petite porte est un point de contact intérieur, fragile mais puissant, entre l’Océan du tout et la vague que j’incarne au fil des jours…’

Passer par la petite porte.

La première, voire la seule pratique est sur soi et en Soi.

Même si la source n’est pas tarie, le verre n’est pas vide et le train n’arrivera jamais à destination… Au début, au fond et à la fin, le silence.

Fin de cette série de vacances. En vous remerciant de votre lecture bienveillante.





Wednesday, 2 August 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (20) : le rythme, c’est la vie

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


VINGT

Pour ce petit vingtième, j’ai envie de vous partager un peu de musique ou plutôt de vous renvoyer vers une extraordinaire dame de 109 ans, qui joue (très bien) du piano et enregistre même encore des CD.

Colette Maze apparaît régulièrement dans des reportages comme un phénomène, et pour cause. Peu de gens vivent jusqu’à cet âge-là, de surcroît en témoignant d’une telle vitalité, à laquelle s’ajoute le talent.

Le secret de sa longévité ? Probablement 
qu’elle est dotée d’une bonne réserve de Jing, à la base, et qu’elle a su l’utiliser en adéquation avec sa constitution. Elle ne semble pas cliente d'une discipline de bien-être qui interdit plein de choses, en tout cas, vu qu'elle aime le vin, le chocolat noir et le fromage. Quant au mental... elle avoue détester ‘les vieux’ et attendre toujours le prince charmant.

Bref, une arrière grand-mère auprès de qui on ne s'ennuierait pas et qui vit, incarne des choses qui me ramènent à notre pratique.


La souplesse étonnante des doigts, tout d’abord. Elève d’Alfred Cortot (ça remonte !), elle nous raconte qu’il enseignait une sorte de yoga des doigts, des exercices d’assouplissement à faire tous les jours. CQFD. La pratique régulière donne la souplesse et la vivacité.

Mon prof de Qi Gong dit que vers 55-60 ans, on a tendance à abandonner parce qu’on se sent plus fatigué ou qu'on n'y arrive moins bien. Surtout pas ! C’est l’âge critique. C’est là qu’on repart pour 50 ans. Régularité de la pratique.

Le mouvement, ensuite. Les doigts toujours en mouvement sur le piano, bien sûr, mais on a du mal à la suivre quand elle marche, et puis la vivacité d’esprit, ‘jamais blasée et curieuse de tout’, dit-elle. En cours, je dis toujours ‘L’énergie est chaleur et mouvement’ et donc, ne pas s’arrêter, ne pas s’appesantir, ne pas stagner (ce qui ne veut pas dire ne pas se reposer, yinyang).  Comme elle nous le dit : ‘le rythme, c’est la vie’.


Il y a la clarté de la tête, aussi. Raisonnement et élocution sans faille, elle joue de mémoire et ne met pas à côté des notes. Quand il y a du Jing, il y a du Shen. Les yeux brillent.

Et puis, la passion, bien sûr, l’amour de la musique qui lui a permis de passer les traumatismes violents de l’enfance et de la famille, mais c’est avant tout la flamme qui l’habite et qu’elle transmet autour d’elle. On voit cette joie de vivre et de jouer.

Au fond, si c’était cela, jouer, se jouer des dangers et des peurs, s’enjouer et émettre le son unique de nos propres existences.

Mouvement, amour, souplesse, fluidité, joie, clarté…

Avec le Shiatsu, nous avons nous aussi dans les mains, en tout cas, une pratique de longévité joyeuse.

Comment sont vos journées ? 




Tuesday, 1 August 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (19) : VIBRER !

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


DIX-NEUF

Parmi les techniques disponibles, il en est une pour laquelle j’ai une inclination particulière et je ne saurais vous dire pourquoi au juste. Elle me parle, elle me plaît depuis toujours.

C’est
Shin Sen Hô  - 振せ法– Techniques de vibration. Cela veut bien dire ce que cela veut dire, car :

est bien l’idée d’une onde, d’une secousse, d’une vague, d’un swing et dans ce kanji, vous voyez la clef de la main, c’est donc par la main que cela arrive ;

c’est moins clair, une espèce de confirmation, ou ‘ce qui ressemble à’ et  – la méthode.

C’est un peu difficile à faire car il faut réellement vibrer. Ce n’est donc pas du kenbiki, qui consiste à faire des petites pressions / secousses rapides.

Pour la vibration, les mains sont posées et tremblent en quelque sorte. Pour les faire trembler, il faut amener une forte tension dans les bras, la vibration s’opère alors à partir du coude et se transmet dans la main.

On peut vibrer ainsi très longtemps, aussi longtemps que l’on maintient la tension des bras, idéalement sur une longue expiration et on recommence ainsi plusieurs fois.

Souvent, les personnes qui reçoivent une vibration s'étonnent et trouvent cela très agréable.

Les zones sur lesquelles j’applique généralement une vibration sont la tête, la poitrine, le ventre, les genoux, le dos…

Vibrer est une manière d’éviter la pression lorsqu’il y a trop de tensions, par exemple… Une pression serait douloureuse, alors on vibre, pour en quelque sorte défragmenter, la zone, désagréger la tension... On obtient parfois plus par une innocente douceur que par une focalisation.

A la fin d’un kata de la tête, la vibration est la cerise sur le gâteau, le receveur / la receveuse étant généralement déjà dans une grande détente, tout repère se perd sous ce doux tremblement.

On pourrait gloser évidemment à l’infini sur le fait que tout l’Univers n’est que vibration, sur l’aspect vibratoire dne la pratique, sur l’utilisation du son (kototama)… mais nous n’allons pas le faire.

Peut-être, en effet, la technique vibratoire nous ramène-t-elle à l’origine de la manifestation, peut-être allons-nous, là, toucher directement le niveau cellulaire…

Mais l’intérêt, c’est d’essayer. Placés dans un état vibratoire, peut-être nous rendrons-nous compte que la qualité de l’énergie intérieure et extérieure est devenue différente. Il y a un bruissement, un écho, une voix intérieure, un murmure, on se rapproche du frémissement, comme disent les Tantriques.

Monday, 31 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (18) : deux mots, c'est tout

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


DIX-HUIT

Ainsi donc, il se murmure que M. Namikoshi a commencé ses soins en tant que praticien d’Appaku Hô et qu’il changea sa carte de visite en ‘Shiatsu’, car « l’ayant entendu par hasard, il trouvait ce titre bon ».

La grande couverture médiatique de M. Namikoshi contribua sans aucun doute à populariser le mot ‘Shiatsu’. On peut lui être reconnaissant, car je ne me vois pas expliquer que je pratique de l’Appaku Hô, les gens ont déjà du mal avec le mot Shiatsu.

Mais si le nom changea si facilement, c’est qu’il y avait quand même des ressemblances entre les deux disciplines. C’est là l’intérêt d’aller chercher l’étymologie des mots japonais.

Appaku Hô s’écrit 圧迫法 et se traduit par techniques de pression. Voyons un peu kanji par kanji.

presser

, idée d’impact, force, intensité, vigueur

méthode

Voilà déjà une nuance : technique de pression forte. Alors, il faut y aller ? Démonstration de force ?

La force dont question ici n’est pas la force physique fournie par la tension musculaire, à éviter, pour la simple raison qu’elle s’épuise vite et que le ressenti est douloureux. Nous avons cette idée qu’au Japon, ils aiment la douleur. C’est faux. Itai, 痛い, dit-on : ça fait mal, l’idée étant celle d’une blessure, d’un dommage.

Un jour, une Japonaise me fournit un mot idéal pour décrire l’effet d’un bon Shiatsu :
痛気持ちitakimochi, contraction de ‘itai’ ça fait mal et ‘kimochi’ ressenti, avec une idée positive de gratitude.

Si on dissèque étymologiquement, de plus, les deux kanji qui composent ‘kimochi’, on a 

 le ki (oui, le même, l’énergie) 

持ち qui signifie ‘avoir, posséder’.

Donc itakimochi, ça fait mal mais je sens le ki circuler de nouveau, ce que nous traduisons parfois par ‘un mal qui fait du bien’. Itai, ça va, pour autant qu’il y ait kimochi.

On ne peut pas faire cela avec de la force, mais de la puissance, et la puissance vient de la présence, du hara. Je pose les mains, j’effectue une pression, je descends dans mon hara, si ma posture est bonne… le ki circule. C’est instantané.

Donc, deux mots japonais :

Appaku, la technique
Itakimochi, ce qu’elle fait

Et tout est dit. Après, on va lire des livres et prendre des cours pour voir comment on fait, mais si on ne travaille pas la base profonde, sous-jacente, cela ne sert à rien.

(Et comme dit dans le nr 17, il y a dans le Shiatsu d’autres techniques encore que ‘Appaku’)

Sunday, 30 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (17) : presser seulement ?

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


DIX-SEPT

Il est quand même étrange que nous pratiquions quelque chose qui s’appelle Shiatsu  指圧, mot qui signifie donc ‘presser avec les doigts’, mais que, très souvent, nous n’utilisions pas que les doigts et que nous fassions autre chose que presser.

Serait-ce que, comme trop souvent à notre époque de publicité mensongère et d’à peu près, la dénomination ‘Marketing’ ne recouvre pas vraiment le contenu du paquet ? Non. C’est qu’à l’époque, il fallait inventer un néologisme, afin de sauver des pratiques plus anciennes, considérées, à une époque d’occidentalisation forcée (fin 19ème, début 20ème siècle), comme de vieux trucs inopérants à mettre à la poubelle.

On visait plus particulièrement l’Anma (
signifie ‘tenir -frotter’), apparu au Japon dès le 5ème siècle, lui-même descendant de pratiques chinoises de massage (Anmo) importées avec tout le reste. Les Japonais en ont fait, au cours des siècles, comme à leur habitude, quelque chose de tout à fait efficace. L’Anma existe toujours aujourd’hui à travers plusieurs grandes écoles.

Considérons ce que l’on appelle les Shugi,
手技,‘techniques de main’ de l’Anma :

  • Kei Satsu Hô - 軽擦法 -Techniques légères de frottement
  • Ju Nen (Ju Netsu) Hô -  柔念法 - Techniques de pétrissage
  • Shin Sen Hô  - 振せ法– Techniques de vibration
  • Appaku Hô - 圧迫法 – Techniques de pression
  • Ko Da Hô  - 卯打法 – Techniques de percussion
  • Kyoku Te Hô - 曲手法 – Techniques spéciales de percussion (littéralement ‘de la main baissée’ ou ‘mélodieuse’)
  • Un Do Hô - 運動法 – Techniques de mobilisation, d’étirement et de réhabilitation
  • Kyo Satsu Hô - 強擦法 ou An Netsu Hô – Techniques de frottement et rotation avec  forte pression
  • Ha Aku Hô - 把握法 – Techniques de saisie et de compression /serrage


Belle diversité… Et ne sont-ce pas là des techniques que nous apprenons sous le vocable de ‘Shiatsu’ et appliquons régulièrement au cours d’une séance  ? Tant mieux, d’ailleurs, car si nous passions une heure à ‘presser avec les doigts’ comme une machine à coudre, ce serait vite ennuyeux.

M. Serizawa dit que toutes les écoles de Shiatsu se sont développées à partir de l'Anma, augmenté d'autres techniques.

M. Namikoshi exerçait d’abord en qualité de thérapeute d’Appaku H
ô (une des branches de l’Anma). Il adopta ensuite le nom « Shiatsu », car « l’ayant entendu par hasard, il trouvait ce titre bon », nous souffle M. Masunaga.

Outre tout ce que le Shiatsu doit à l’Anma traditionnel, laissons nos mains trouver la technique qui convient au bon endroit et au bon moment et  laissons nos mains, coudes, pieds, corps… jouer de multiples variations sur le thème du toucher.

Saturday, 29 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (16) : toucher !

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


SEIZE

Glissement sémantique... ‘Seize’ en Anglais veut dire ‘saisir’. Ah, la saisie dont parlent les Bouddhistes. Tenter de saisir ce qu’on fait, s’approprier une pratique, un mérite, tenter de retenir, de fixer, de décrire, d’expliquer ?  Quand je touche, est-ce que je saisis ?

Le Shiatsu, c’est d’abord toucher. Pas de Shiatsu sans toucher.

Toucher, c’est perdre l’illusion d’être séparé du reste du monde. Le toucher nous reconnecte à l’autre et à nous-mêmes au plus profond.

Ne pas toucher ou ne pas être touché induit des états pathologiques.

Le toucher peut prendre des formes très diverses : effleurage, pétrissage, friction, réchauffement, caresse, percussion, lissage, pression, vibration….

On peut travailler puissant, léger, concentré, profond, large, lent, rapide … Tonifier ou disperser…  Car l’énergie suit la pensée, l’intention est déterminante.


L’intensité sera, elle, le fait du cœur
, mot banalisé et galvaudé de nos jours, préférons lui le mot japonais ‘kokoro’, qui désigne certes l’organe cardiaque, mais surtout le ressenti profond d’exister.

On peut utiliser les pouces, les doigts, les paumes des mains, les coudes,  les genoux, les pieds, le hara, voire l’entièreté du corps… Quand je donne, surtout, je m’abandonne, je me répands, me dissous, me liquéfie, me perds, éperdu, me présente et m'absente. Plus je fais cela, plus l’autre reçoit.

Soit je reste dans la forme tangible, avec une approche plutôt ‘mécanique’ (travail sur les chaînes musculaires, mobilisations), soit je vais au-delà ou reste en-deçà, ce sera plutôt ‘énergétique’.

Tout est bon. Energie est un mot imparfait, constatons qu’il y a du Ki qui parcourt tout l’Univers. En ce nous inclus.

Il y a des techniques indiennes où on touche avec le souffle. Un jour, une femme toute en grâce a soufflé ainsi tout au long de mon Vaisseau Gouverneur, de bas en haut. Quelle sensation inoubliable ! Katsugen garanti !

Les Cachemiriens disent même que l’on peut toucher d’un simple regard. Est-ce là l’origine de l’expression un regard appuyé ? C’est en tout cas clairement mettre en pratique la non-dualité matériel/immatériel.

Par le toucher, un monde infiniment subtil s’ouvre sous nos mains.

C’est normal, car au Japon, on ne considère pas le corps et l’esprit, mais le corps-esprit qui ne font qu’un. Et donc, traduit en Occidental, toucher l’un, c’est toucher l’autre, au Japon, il n’y a ni l’un ni l’autre, il y a corps-esprit.

Il n’y a ni corps, ni cœur, ni âme, ni esprit, ni moi, ni l’autre,ni moi, ni l’Univers, ni toi, ni moi, ni mes mains ni ton corps, ni mes mains sur ton corps et il y a tout cela qui fait un.

Relisons le Hannya Shingyo, traduction correcte : 'Sutra de la Grande perfection qui permet d’aller au-delà'. Pas ceci, pas cela et pas cela non plus. MU !



Moins on en dit, mieux ça vaut et mieux ça marche.

Et donc, quand nous pratiquons, vivons, échangeons, ressentons,  la meilleure formulation, la voici : IL Y A.


Matière à non-formulation.

Friday, 28 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (15) : pratiquer le SHIKANT'ATSU

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


QUINZE

Rebondissant sur l’article de l’ami Fabian ‘Ichi go ichi e’, il semble clair que, souvent, nous compliquons inutilement les choses. La réalité est complexe, évidemment, aussi complexe que nous le voulons.

Mais il y a, en gros, deux façons de l’aborder.


  • Entrer dans une incroyable complexité au point d’y perdre, si pas la raison, au moins le raisonnement. C’est l’approche des Voies qui surchargent le contenu et l’iconographie, les rituels et les pratiques, comme certaines formes de bouddhisme (dont le Tibétain) et les voies ésotériques de toutes les Traditions (gnose, kabbale…)

  • Retrouver une simplicité radicale où le moins est le plus, ce que l’on trouve partout également (les Esséniens, les formes épurées du protestantisme, l’érémitisme, etc.)
Les Japonais, eux, ont toujours aimé la recherche de l’expérience intérieure  au travers de pratiques que l’on appelle le Gyô. Gyô s’écrit   et, dans le langage courant, signifie tout simplement « aller », « agir ». Il désigne également les austérités dont sont coutumières les religions au Japon.

Les réponses des diverses pratiques japonaises à l’expérience du Gyô furent différentes : 

  • le Bouddhisme Shingon et le Shugendô visent à acquérir des pouvoirs surnaturels en vue de la transformation du moi et de l’acquisition d’un caractère divin; 

  • Shintô et Zen prônent le retour à sa nature originelle en se dépouillant de toutes influences extérieures.

Quelle Voie choisir ? Mieux vaut simplement éviter de picorer un peu à gauche à droite sans explorer vraiment et d’amalgamer tout cela en montages douteux et inopérants, parfois dangereux, ce que l’on voit beaucoup maintenant où tout le monde devient chamane, alchimiste, sorcière, voire démonologue.

Et sur le fond, nous avons la possibilité d’en faire des tonnes ou presque rien.  Alors ? Remplir le verre ou le vider ? Festoyer ou jeûner ? Saturer ou désencombrer ?

Chacun verra pour lui-même, et cela peut changer au cours d’une vie. Ichi go ichi e, un moment, une rencontre. Ce qui (ad)vient. La nature de l’énergie est d’être en mouvement.

Je crois que,
avec le Shiatsu, nous pouvons avoir les deux.

En privé, nous nourrir à de multiples sources, car il y a une réelle complexité dans l’existence (la nôtre et celle de nos client(e)s) ainsi que dans les sources de la pratique.

Mais en séance, je préfère la seconde option.

A l’image du Zen et de son concept ‘Shikantaza’. ‘Shikanta’
只管打 ‘simplement’ et Za, s’asseoir.

Que ‘faut’-il ‘faire’ pour méditer Zen ? Rien, ‘Shikantaza’ disent les Maîtres, ce qui signifie ‘simplement s’asseoir’. Avoir la bonne assise, la bonne posture et le reste viendra.

En Shiatsu, je vous propose donc, analogiquement, le néologisme ‘Shikant’atsu’, ‘simplement presser’.

Shikanta
只管打 ‘simplement’ et Atsu , presser, que l’on retrouve dans le mot Shiatsu.

Shikant’atsu consiste à juste mettre les mains et (s’)appuyer, et entrer dans la pratique. 

Il n’y a pas, je crois, meilleure méthode.



Thursday, 27 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (14) : Guédelon, ou la construction d'une expérience

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


QUATORZE


J'ai visité le château de Guédelon, en Bourgogne ! La construction a été lancée en 1997, sous l'impulsion de fous (comme ils se qualifient eux-mêmes), sur l’emplacement d’une ancienne carrière.

Ce château devait être dans le style du 13ème siècle, construit avec les outils et les techniques de l’époque. Les matériaux devaient être trouvés sur place. Des dizaines d’artisans sont aujourd’hui présents sur le site, extraient et taillent les pierres, façonnent les poutres, tressent les cordes, façonnent outils et poteries…  

Ces artisans doivent avoir deux compétences : être de bons oeuvriers et de bons communicateurs.

Inspirant, pour nous, déjà... bien faire, savoir ce qu'on fait et être capable de l'exprimer clairement.

25 ans plus tard, on peut dire que le château sort de terre. Et quand vous arrivez sur le site, un ‘chroniqueur’ vous explique l’histoire du lieu, avec des tas d’anecdotes éclairantes. Comme celle-ci.

Lorsqu’il fallut monter les arcs, les archéologues préconisèrent de les caler avec des sacs de sable, percés ensuite pour les faire se vider simultanément. L’affaissement progressif des sacs devait faire descendre et s’ajuster les arcs au point d'équilibre. Lors de leurs recherches, ils avaient en effet pensé que c’était la façon probable de procéder à l’époque.

Mais lorsqu'ils durent monter les arcs, les oeuvriers avaient trouvé une autre technique : des coins en bois, dégagés progressivement sur un rythme simultané. Cela donnait une grande sûreté et permettaient éventuellement de remonter les arcs en cas de problème. 

La solution des archéologues les rendait en effet perplexes : comment caler de façon stable et comment vider les sacs de sable tous au même rythme et éviter que l’arc ne se déforce de façon irrécupérable ?

Il écartèrent donc la technique préconisée par les savants archéologues, puisque la leur fonctionnait sans casse.

Plus tard, on découvrit dans un manuscrit du Moyen-Age qu’à l’époque, on utilisait en effet des coins.

Ce n’est pas la question de savoir qui a raison (ou de se mesurer pour voir qui est plus malin). Comme nous l’expliqua bien le chroniqueur, quand un problème se pose et qu’il s’agit de le résoudre, on réfléchit et la technique se présente en quelque sorte naturellement. Quand on a les mains dans la matière, il faut pouvoir continuer.

Si, par la suite, on découvre que d’autres faisaient déjà comme nous, c’est évidemment une satisfaction supplémentaire, une confirmation comme quoi la réflexion est correcte et la technique redécouverte par l'expérience de terrain.

On voit de suite l’analogie avec le Shiatsu. Ce n’est pas parce que quelqu’un ou un livre nous dit qu’il faut travailler de telle ou telle façon que cela va toujours fonctionner. Seule l’expérience en situation vérifie la pertinence de ce que nous avons lu ou appris.

Et peut-être serons-nous obligés de tenter quelque chose d’inédit ou d’improviser une technique. Si elle est bonne et efficace, nous la garderons et elle enrichira notre boîte à outils. Et au bout d’un moment, nous pourrons la transmettre et non la garder pour nous.

J’ai ainsi trouvé avec le temps quelques pratiques qui ne sont pas dans les livres et que j’aime partager.

Je crois qu’en Shiatsu, nous sommes des artisans, qui faisons avant toute chose et nous inscrivons dans cette grande recherche empirique initiée à l’aube de l’humanité.

Que l’on construise un château ou que l’on accompagne un(e) client(e), la démarche est la même. 

Dans l’ordre : pragmatisme, expérience, connaissance.

Visitez Guédelon si vous passez par là, cela ancrera votre pratique ! Ou regardez ce reportage pour vous inspirer.







Wednesday, 26 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (13) : le TEATE

 Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été



TREIZE

Vos réactions sur cette série d’été me sont précieuses, car inspirantes.

Ainsi, merci à Juliette qui en aiguillant la réflexion sur les mains, me donne envie de vous évoquer brièvement le TEATE, mot japonais relatif à la base ancienne de toutes les techniques du toucher depuis l’aube des pratiques corporelles.

Partons deux secondes sur une considération d’un enseignant tantrique (beaucoup d’affinités avec le Shiatsu, comme déjà évoqué dans le nr 11 de cette série).

Daniel Odier (dans ‘Désirs, Passions et Spiritualité) nous dit : ‘Les Maîtres cachemiriens parlent de la prééminence du sens du toucher. Un être humain recouvre naturellement son unité lorsqu’il est touché profondément, càd lorsque le contact n’est plus une stratégie sexuelle. Lorsque rien n’est voulu. Ce contact s’établit dans une sorte de grâce, car il rend à celui qui est ainsi touché le sens de sa propre spatialité.

Nous n’allons certainement pas contredire les Maîtres cachemiriens sur ce point, nous qui, en tout premier lieu, touchons. Pas de Shiatsu sans toucher. Et vous avez certainement déjà éprouvé de quelle spatialité on parle ici.

Maître Kawada répondait presqu’invariablement à toutes les questions que nous posions, surtout les plus alambiquées : ‘mettez les mains’.

Tout part de là. Le geste premier. Le Teate qui remonte à la nuit des temps, puisque l’humain sait instinctivement mettre la main là où cela fait mal.

Les Japonais ont pour cela le mot « teate » 手当, littéralement « la main » et « frapper, s’approprier », dont M. Masunaga nous dit qu’il est  ‘la forme première de toutes les thérapeutiques médicales’.

C’est là que nos clients nous disent : ‘vous avez mis la main exactement où cela fait mal. Comment saviez-vous ?’ Je ne savais pas, mes mains savent. Faire confiance à mes mains est la toute première étape.

S’il n’y a pas cet élan profond, antérieur à toute technique, toute réflexion, toute projection, toute imagination, tout cadre, toute attente, tout espoir, tout désir, il n’y a pas de Shiatsu.





Tuesday, 25 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (12) : un regard portugais

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été



DOUZE

Le Shiatsu est un Art Japonais, et on n’insistera jamais assez sur 'Japonais'.

Nous voyons en effet ce grand amalgame ou cette confusion entre Chine et Japon, entre Médecine Chinoise et Shiatsu (pour ne rien dire de la ‘MTC’) … alors qu’en fait, il y a évidemment quelques siècles et de nécessaires évolutions entre les origines chinoises et la version finale japonaise.

Quant aux Japonais, qui sont-ils exactement ? De nouveau, il n’y a pas ‘LE ‘ Japon, et il faut se méfier des clichés régnants.

Je vous invite à regarder le film ‘The taste of tea’ ( ainsi que nous l'avons fait lors de la Retraite 2023 d'Ôdô Shiatsu) pour ressentir quelque chose de l’âme du Japon profond. C’est bien là que sont les racines profondes de pratiques comme le Shiatsu, et non dans telle ou telle école et tel ou tel maître revendiquant l’invention de la technique.

Depuis que les Occidentaux ont accosté au Japon, plus précisément les Portugais au 16ème siècle, nous tentons désespérément de comprendre une culture forte, originale, indépendante, insulaire, connectée à la Nature et peu disposée à se dévoiler au tout-venant.

En témoigne un des premiers livres écrits sur le Japon (1585) par un missionnaire portugais, le R. P. Luis Fróis, intitulé ‘Européens & Japonais – Traité sur les contradictions & différences de mœurs’.

La structure du livre est simple, et procède par oppositions : les Européens font comme ceci et les Japonais comme cela. Evidemment. L'Occidental est formé comme cela. Mais cela nous apprend énormément sur le Japon et l’Europe du 16ème siècle.

Je vous partage quelques réflexions tirées du livre.

Ch 4-1 : Chez nous les hommes entrent en religion pour faire pénitence et pour leur salut ; les bonzes le font pour échapper au travail et vivre en repos parmi les plaisirs.

Ch 14 -28 : Chez nous, il n’est pas d’usage d’offrir des médecines ; au Japon, cela se fait couramment dans des écorces de prunier.

Ch 9 -2 : Nous pratiquons des saignées ; les Japonais usent de boutons de feu faits d’herbes.

Ch 9-18 : Chez nous, si un médecin n’a pas subi d’examen, il est sanctionné et ne peut exercer ; n’importe quel Japonais, pour gagner sa vie, peut se déclarer médecin.

Ch 2-36 : L’amour familial entre parents et parentes est très fort en Europe ; au Japon, très peu, et ils sont comme étrangers les uns aux autres.

Et un petit dernier bien dans l’air du temps :

Ch 2- 35 : Les femmes en Europe ne quittent pas la maison sans la licence de leurs maris ; les Japonaises ont la liberté d’aller où bon leur semble, sans que leur mari n’en sache rien.

Arrêtons là, juste avant les sujets qui fâchent, encore aujourd'hui, comme l’avortement, l’éducation, la moralité, les maladies vénériennes… sur lesquels le Japon choquait profondément les missionnaires.

C'est intéressant à double titre :
  • Le Japon décrit ici est encore le Japon traditionnel, avant l'occidentalisation forcée de l'ère Meiji (19ème siècle). Il en reste bien des traces dans la culture contemporaine.

  • Nous avons aujourd'hui des questionnements dont les Japonais, visiblement, n’avaient cure
Matière à réflexion quand on cherche les origines profondes de notre Art...

Raison suffisante pour lire ce petit opus...




Monday, 24 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (11) : Shiatsu et transmission tantrique

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été



ONZE


Au pinacle du ressenti et de la réflexion de l’humanité, je placerais sans hésiter le Tantrisme, avec le Shintô et le Taoïsme ( en attendant d'en découvrir peut-être d'autres). Non pas qu'il y ait une hiérarchie, mais sans doute ceux-là sont-ils allés le plus loin. 

Je ne vous parle pas des élucubrations New Age (remontant aux sixties) sous le nom de 'tantrisme' ou 'massage tantrique' qui se limitent à une sexualité spirituelle fantasmée pour Occidentaux et n’ont rien à voir avec le vrai Tantrisme, plus particulièrement le Shivaïsme cachemirien, qui a influencé le Bouddhisme Tibétain, le Chan chinois, le Dzogchen, le Mahamudra, etc.

Il y eut ainsi, entre le 9ème et le 14ème siècle, au Cachemire, une tradition spirituelle qui atteignit des sommets inégalés. Région et pensée difficiles d’accès, sauf à fréquenter de bons guides, qui s’appellent Eric Baret, Pierre Feuga, Daniel Odier, Jean Bouchart d’Orval, Lilian Silburn, Colette Poggi…


Je trouve chez cette dernière (Sept joyaux du Tantra Shivaïte) quelques lignes en rapport avec la transmission.

Car nous sommes tous appelés à transmettre quelque chose. Soit en enseignant le Shiatsu (après une dizaine d’années de pratique en cabinet, merci), soit en séance, simplement, où nous sommes amenés à ‘faire passer’ un message, un ressenti, une prise de conscience…

Dans le cas du Tantrisme, Colette Poggi nous rappelle les priorités, et je les endosse volontiers pour le Shiatsu.

Trois sources de connaissance sont reconnues valides :
  • Tout d’abord les Tantra non-duels énoncés sous forme de dialogue entre Shiva et Shakti

  • En second lieu, la parole du maître

  • Enfin, sa propre expérience, qui vaut discernement final.
Dans l'ordre, donc :

  • Nous pouvons d’abord lire et apprendre. Notez qu’ici il ne s’agit pas de traités péremptoires, mais d’un dialogue transcendant toute dualité (par exemple celui qui enseigne et celle qui est enseignée), c’est de nouveau une danse, une interaction permanente entre deux types d’énergie.

    Appliqué au Shiatsu, nous dirions que c'est du 'bottom up', basé sur le questionnement et le vécu de l'étudiant, et pas du 'top down', diffusé par des affirmations prêtes à l'emploi.

  • Nous pouvons ensuite écouter ce que dit le maître, mais il peut évidemment se tromper ou avoir mal compris ou mal expliqué ou (consciemment ou non) avoir omis d'expliquer certaines choses.  

    Même démarche, s'il faut bien écouter ce que dit l'enseignant, il faut aussi questionner, de nouveau, ce n'est pas du 'top down' délivré par quelqu'un qui sait tout


  • Et enfin, c’est au disciple à vérifier par sa propre expérience si tout ce qu’il a lu et ce qu’on lui a dit fonctionne bien… ou pas. Ou pas totalement.

    Et c'est l'étudiant qui a le dernier mot, qui fait ses expériences et qui a le discernement final... avant de lui-même passer au deuxième point qui est de transmettre, fort de son expérience (idéalement).

Cette vision de la transmission est magnifique, elle ramène à la pratique et invite au discernement par l’expérience.

Sous bien des aspects, le Shiatsu est tantrique et celui-ci en est certainement un.




Sunday, 23 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (10) : la passion de la pratique

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été


DIX

Quelle splendide librairie découverte il y a peu à Vézelay ! Un choix incroyable, spécialisé, dans tant de domaines fascinants, philosophie, mystique, santé, nature, musique… toutes choses bien faites pour nourrir passions et savoir…

Il y a les livres que j’ai déjà et que j’ai lus, ceux que je n’ai pas encore lus, les quelques-uns que j’ai pu acheter et ceux que je ne lirai jamais, car je n’aurai pas le temps.

Surabondance de la connaissance. Que faire, sinon exercer un discernement ?

Il me vient que la même question se pose en Shiatsu.

  • Je peux suivre des stages à l’infini sur les thèmes les plus divers, les plus spécialisés, entasser des syllabi dans ma bibliothèque…

  • Je peux apprendre par cœur la localisation et le nom des points, ainsi que l’usage de chacun.

  • Je pourrais même apprendre le Japonais et lire dans le texte des livres que personne ne lit.

Et alors ? Cela fera-t-il de moi un praticien plus remarquable et plus recherché ? Voire ‘meilleur’ ? Un praticien, tout court ?

Dans mon ancienne vie, j’ai travaillé avec un consultant nommé Jef Staes et son concept du ‘Red Monkey’. Jef nous faisait déjà remarquer que la personne compétente n’est pas nécessairement celle qui en sait plus que tous les autres (jadis, le ‘chef’), pour la simple raison que nous sommes passés d’un monde 2D à un monde 3D, où toute l’information est disponible à tout moment.

Seuls les passionnés, et non les diplômés, lui semblaient les personnes les plus aptes à une fonction.


Et donc, la compétence consiste, notamment, non pas à mémoriser, mais à savoir retrouver l’info, et à créer des connexions entre des domaines très divers. Avec passion.

J’ajouterais, dans la ligne Ôdô : la pratique vient en premier, la pratique, la pratique… Faire et ne pas s’en faire… La passion de la pratique.

Pour cette raison pratique de pratique, je limite donc les accumulations de savoir… ce qui ne m’empêche pas de vous partager avec délices ce que j’ai trouvé à gauche à droite, qui m’inspire et peut vous inspirer.


Saturday, 22 July 2023

夏指圧 - Natsu Shiatsu - Shiatsu d’été (9) : la danse cosmique

Courtes réflexions pour ne pas oublier le Shiatsu pendant l’été

NEUF

A Vézelay, aujourd'hui, c'était la grande fête de la Sainte, 'apôtre des apôtres'.

La figure de Marie-Madeleine m’amène à réfléchir sur la polarité homme/femme, y compris dans la pratique du Shiatsu.

Le livre de Jean-Yves Leloup ‘Une femme innombrable’ évoque bien des facettes de cette femme somme toute peu connue : belle et rebelle, initiée, amoureuse, mystique, prostituée peut-être…Tout cela à la fois et rien de tout cela.

Toni Carmine Salerno, dans l’Oracle de Marie-Madeleine, précise qu’elle incarne des choses différentes pour chacun, qu’elle est un esprit archétypal doux et délicat, mais également fort et indomptable.

L’inspiration pour nous ici ne réside pas dans l’opposition ou la discrimination (positive comme négative). C’est insensé de défavoriser ou favoriser quelqu’un selon son genre, voire d’insister là-dessus, seules les compétences et la capacité de les mettre en œuvre peuvent faire la différence. Quand nous travaillons, nous ne sommes pas dans l'agitation.

Il s’agit bien plutôt de réaliser en nous-mêmes l’union d’énergies de type YinYang, c’est-à-dire de mouvements complémentaires.

Pas l’un ou l’autre ni l’un et l’autre, ni l'un puis l'autre, mais l’un dans l’autre en une danse cosmique perpétuelle.

Le toucher n’est pas sexué, il est, il prend de multiples formes, tantôt doux, puissant, actif, à l’écoute, vigoureux, amoureux…

En tant qu’homme, j’aime à cultiver des qualités de réceptivité et d’intuition qui sont plus spontanées chez les femmes et j’aime voir une femme développer des qualités plus solaires, dans l’affirmation claire de soi.

La rencontre se fait là, quelque part vers le milieu, dans un mouvement qui s’entrecroise et s’amplifie mutuellement.

Le fait qu’il y ait plus de femmes que d’hommes, tant du côté des praticien(ne)s que des client(e)s, nous incite à travailler notre ressenti profond (kokoro).

Dans de nombreuses traditions, les femmes sont initiatrices, précisément pour cette raison, et on dit même que Jésus confia des choses à Marie-Madeleine qu’il n’avait dites à personne d’autre… sans doute parce qu’elle seule était capable de les comprendre.

A bons entendeurs...moi en premier.