Dizain : forme poétique ancienne
Clément Marot : poète français de la Renaissance
Bun Shin : une des 4 formes de diagnostic oriental
L’Eau et le Feu : les deux premiers éléments des 5 décrits en Orient.
Shiatsu : ma pratique.
Pensée analogique : relier des choses en apparence très éloignées dans une même compréhension.
On y va ?
Musique !
Tout est parti de ce très joli poème de Marot mis en musique par Lise Borel. Ecoutez-la d’abord et lisez ensuite.
Coup de cœur ! Lise Borel (1993) est une jeune compositrice française qui pratique
tous les genres avec talent et grande inventivité, la chanson française ou
anglaise, le conte musical, la polyphonie a capella ou carrément la musique
liturgique. Elle y ajoute un grand sens de la filmographie. Découvrez ses clips
sur Youtube.
Intérêt d’écouter de la musique ? On ne dira jamais assez que le Shiatsu,
étant au premier chef un art, a tout à voir avec l’art, certainement musical.
+ Texte
Lise Borel ressuscite en quelque sorte la grande chanson française, qui consiste à traduire en mélodies les meilleurs poèmes. Ici, c’est Clément Marot, célèbre poète français du 16ème siècle , dont on nous dit qu’il joignait ‘une tête vive à un bon cœur’. Il devait avoir le feu du Shen qui s'exprimait librement.
On en lisait au Collège quand la 5ème s’appelait encore l’année de Poésie. Démarche intéressante d’aller exhumer des textes qui n’ont rien perdu de leur pouvoir poétique, mais que plus personne ne lit.
Démarche qui a sa pertinence dans notre métier également, on découvre des pépites.
C’est un dizain, dix vers de dix pieds, pour ceux qui aiment la symbolique des chiffres.
Marot nous dit donc ceci (en vieux Français, c’est compréhensible et très joli)
Elégant poème d’amour que l’on peut toutefois lire depuis la pratique du Shiatsu. Car de même qu’il y a la forme et la manifestation (l’amour de Marot pour Anne d’Alençon), il y a les éléments, et l’énergie qui anime tout cela.
Prêts pour le grand saut ?
Anne par jeu : le rappel que tout est jeu dans l’échange d’énergie, dans
les rapports entre hommes et femmes, l’indispensable légèreté de l’être qui
nous manque tellement ces temps-ci . Les Indiens disent ‘lîla’, le jeu
divin ;
La neige que je (cuydais) pensais froide, le ressenti premier et superficiel que nous pouvons avoir du monde ;
Mais c’était feu, c’est l’expérience que j’en ai : nous entrons dans la sensation, le ressenti, le cœur de notre métier.
Quand les client(e)s me font part de leurs sensations, pour eux parfois nouvelles, incompréhensibles, étranges ou ‘anormales’, je les ramène à leur sensation et non à leur compréhension : toutes les sensations sont bonnes et correctes. Il s’agit d’entrer dedans et de les laisser s’exprimer. Si donc la neige est feu, c’est parfait.
Puisque le feu loge secrètement dedans la neige : nous voilà dans le YinYang au-delà (ou plutôt en-deçà) de l’apparente opposition des éléments : le Feu dans l’Eau, la chaleur dans le froid, l’impalpable dans la matière…
Pourquoi associe-t-on, au fond, le désir lié à l’énergie des Reins à l’Eau, alors que la perception générale est que le désir est Feu ? Si ce n’est que l’Eau Rein gauche se combine au Feu Rein droit, pour créer le mouvement perpétuel de l’énergie vitale, comme l’explique si bien l’idéogramme du Ki. Il y a aussi que la poussée de l’élan vital se situe au Koshi.
Où trouverai-je place pour n’ardre point ? (ne pas brûler). Question cruciale par nos temps de sécheresse où l’eau semble avoir disparu dans sa fonction de domination et d’opposé : l’Eau éteint le Feu. Quand nous brûlons, faut-il espérer l’Eau ?
Non, nous dit Marot, ça ne va pas aller, quel que soit l’état de la matière ‘non point par eau par neige ni par glace’, puisque tout cela contient du Feu.
Cela se fera ‘par sentir un feu pareil au mien’, le feu rencontrant semblable feu fusionne avec lui et en quelque sorte disparaît. Dans un contexte amoureux, je vous laisse à vos expériences pour savoir si la fusion est la solution.
Dans un contexte énergétique, nous avons deux pistes :
En fait, nous venons de faire un ‘Bunshin’. On traduit le mot lapidairement par ‘diagnostic par l’ouïe et l’odorat’. Mais comme d’habitude, il faut aller voir un peu plus loin. M. Masunaga attire notre attention sur la signification profonde de ces kanji :
聞 Bun – entendre, écouter, demander, composé des caractères ‘oreille’ et ‘porte’ comme si on écoutait à la porte
診 Shin – checkup, examen, diagnostic, composé des caractères ‘parole’ et ‘rendre clair’
Et donc la traduction complète serait : énoncer clairement ce qu’on pense en cherchant à entendre quelque chose d’indistinct.
En écoutant et réécoutant Marot mis en musique par Lise Borel est apparu ce d’abord imperceptible parfum de justesse et la compréhension s’est ensuite dessinée et affinée : Bun Shin.
Ainsi, lorsque nous pratiquons, nous écoutons les langages, des mots et du corps et à un moment, peut-être, une conviction se fait jour. C'est un processus que nous pouvons certainement appliquer en cabinet.
Je vous laisse tirer les conclusions
1. Je vire à l’obsessionnel en voyant du Shiatsu partout. Mais le Shiatsu n’est-il pas une compréhension de la Vie, et des flux d’énergie qui la traversent ? Et donc partout.
2. Notre tradition occidentale comporte des compréhensions très semblables à celles de la réflexion orientale, il suffit d’être attentifs et de cesser d’opposer.
Chercher les pépites dans le lit boueux de la rivière...
Bonne pratique et bon ressenti.
Anne (par jeu) me jecta de la Neige,
Que je cuidoys froide
certainement:
Mais c’estoit feu:
l’experience en ay je,
Car embrasé je fuz
soubdainement.
Puis que le feu loge
secrettement
Dedans la Neige, où trouveray
je place
Pour n’ardre point? Anne, ta
seulle grâce
Estaindre peult le feu que je
sens bien,
Non point par eau, par neige,
ne par glace,
Mais par sentir un feu pareil
au mien.
Elégant poème d’amour que l’on peut toutefois lire depuis la pratique du Shiatsu. Car de même qu’il y a la forme et la manifestation (l’amour de Marot pour Anne d’Alençon), il y a les éléments, et l’énergie qui anime tout cela.
Prêts pour le grand saut ?
+ lecture Shiatsu sur l'Eau et le Feu
La neige que je (cuydais) pensais froide, le ressenti premier et superficiel que nous pouvons avoir du monde ;
Mais c’était feu, c’est l’expérience que j’en ai : nous entrons dans la sensation, le ressenti, le cœur de notre métier.
Quand les client(e)s me font part de leurs sensations, pour eux parfois nouvelles, incompréhensibles, étranges ou ‘anormales’, je les ramène à leur sensation et non à leur compréhension : toutes les sensations sont bonnes et correctes. Il s’agit d’entrer dedans et de les laisser s’exprimer. Si donc la neige est feu, c’est parfait.
Puisque le feu loge secrètement dedans la neige : nous voilà dans le YinYang au-delà (ou plutôt en-deçà) de l’apparente opposition des éléments : le Feu dans l’Eau, la chaleur dans le froid, l’impalpable dans la matière…
Pourquoi associe-t-on, au fond, le désir lié à l’énergie des Reins à l’Eau, alors que la perception générale est que le désir est Feu ? Si ce n’est que l’Eau Rein gauche se combine au Feu Rein droit, pour créer le mouvement perpétuel de l’énergie vitale, comme l’explique si bien l’idéogramme du Ki. Il y a aussi que la poussée de l’élan vital se situe au Koshi.
Où trouverai-je place pour n’ardre point ? (ne pas brûler). Question cruciale par nos temps de sécheresse où l’eau semble avoir disparu dans sa fonction de domination et d’opposé : l’Eau éteint le Feu. Quand nous brûlons, faut-il espérer l’Eau ?
Non, nous dit Marot, ça ne va pas aller, quel que soit l’état de la matière ‘non point par eau par neige ni par glace’, puisque tout cela contient du Feu.
Cela se fera ‘par sentir un feu pareil au mien’, le feu rencontrant semblable feu fusionne avec lui et en quelque sorte disparaît. Dans un contexte amoureux, je vous laisse à vos expériences pour savoir si la fusion est la solution.
Dans un contexte énergétique, nous avons deux pistes :
- 'Sentir un feu', on est de niveau au niveau du ressenti. Cela indique la perte de l’identification à et de la contraction de l’ego, en quelque sorte
la perte de contours que m’évoquent parfois les client(e)s après une séance :
‘c’est comme si j’avais perdu mes contours’. On est passé dans l’état fluidique
non opposé au monde extérieur mais qui se coule en lui.
- La participation mystique, chère à Levi-Strauss et si souvent rappelée par Jung, peut apporter le soulagement. Savoir que d’autres brûlent du même feu que moi et souffrent semblablement peut apporter un apaisement. Nous sommes ici rappelés aussi en quelque sorte à l’interrelation chère aux Bouddhistes, mais au niveau du ressenti, pas de l’idée.
= Diagnostic Bun Shin
En fait, nous venons de faire un ‘Bunshin’. On traduit le mot lapidairement par ‘diagnostic par l’ouïe et l’odorat’. Mais comme d’habitude, il faut aller voir un peu plus loin. M. Masunaga attire notre attention sur la signification profonde de ces kanji :
聞 Bun – entendre, écouter, demander, composé des caractères ‘oreille’ et ‘porte’ comme si on écoutait à la porte
診 Shin – checkup, examen, diagnostic, composé des caractères ‘parole’ et ‘rendre clair’
Et donc la traduction complète serait : énoncer clairement ce qu’on pense en cherchant à entendre quelque chose d’indistinct.
En écoutant et réécoutant Marot mis en musique par Lise Borel est apparu ce d’abord imperceptible parfum de justesse et la compréhension s’est ensuite dessinée et affinée : Bun Shin.
Ainsi, lorsque nous pratiquons, nous écoutons les langages, des mots et du corps et à un moment, peut-être, une conviction se fait jour. C'est un processus que nous pouvons certainement appliquer en cabinet.
A vous de conclure !
Je vous laisse tirer les conclusions
1. Je vire à l’obsessionnel en voyant du Shiatsu partout. Mais le Shiatsu n’est-il pas une compréhension de la Vie, et des flux d’énergie qui la traversent ? Et donc partout.
2. Notre tradition occidentale comporte des compréhensions très semblables à celles de la réflexion orientale, il suffit d’être attentifs et de cesser d’opposer.
Chercher les pépites dans le lit boueux de la rivière...
Bonne pratique et bon ressenti.
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