Monday 7 December 2020

Le parfum quantique du shiatsu


Il y a une petite centaine d’années, maintenant, plusieurs scientifiques de talent ont découvert les lois innovantes de l’infiniment petit et de l’infiniment bref. 

Ils s’appelaient Max Planck, Albert Einstein,  Niels Bohr, Louis de Broglie, Wolfgang Pauli, Erwin Schrödinger, Werner Heisenberg, Paul Dirac… 

La théorie quantique n’a jamais été mise en défaut sur le plan scientifique. En même temps, elle nous interpelle sur le plan métaphysique, car elle remet en question notre perception de l’Univers.

Il y a un peu plus de 80 ans apparaissait le mot ’shiatsu’ au Japon. Il s’agit d’une pratique aux multiples facettes qui, au départ du corps, atteint d’autres plans, émotionnels, psychologiques, spirituels, relationnels… Enraciné dans une conception orientale de l’Univers, le shiatsu emprunte à des horizons très divers, occidentaux ou orientaux, anciens ou modernes et réalise un syncrétisme à portée universelle.

A priori, aucun rapport entre les deux, à part l’époque d’émergence. Sauf qu’il y a des analogies frappantes, et vous savez comme il peut être éclairant de penser par analogies (les anciens Chinois n’ont pas fait autrement).

Et donc, quand je pratique le shiatsu, cela m’évoque parfois la quantique, et quand je lis sur la quantique, cela me fait parfois penser au shiatsu. Le filigrane de ce texte est ainsi une grande analogie.

Creusons un peu.

On n’y comprend rien, mais ça marche…  


Rassurez-vous, je n’ai aucune base scientifique et donc pas la prétention de comprendre ou d’expliquer la physique ou la mécanique quantique.

D’ailleurs, comme le précise Science & Vie d’octobre 2020, ‘la théorie quantique est uniquement un ensemble de règles mathématiques utilisées pour décrire le comportement de la matière’. Par conséquent, seuls les spécialistes maîtrisant ces calculs peuvent comprendre la théorie. Voilà du péremptoire.

Suivi toutefois d’un volte-face finalement bien oriental : peut-on utiliser une théorie que l’on ne comprend pas ? ‘Bizarrement, oui’, répond Science & Vie… car la théorie quantique est déjà utilisée dans de multiples applications (lasers, transistors, LED, smartphones, clés USB...) et même des ‘étrangetés’ peuvent être exploitées ‘sans que l’on comprenne exactement ni leur origine ni leur signification profonde’.

Bref, on ne sait pas pourquoi et comment ça marche, mais ça marche… En voilà déjà une belle, d’analogie. Car en shiatsu, on est un peu confronté à la même situation : on a beau essayer d’expliquer d’où cela vient et comment ça marche exactement… on n’y arrive pas bien, mais ça marche !

Serions-nous dans la même couche de la réalité ? Pour Ryokyu Endo, par exemple, les méridiens sont le courant d’énergie vitale, la Vie qui sous-tend le fonctionnement du corps. Nous voici en quelque sorte dans la trame (le monde sub-atomique, si on veut) et cela nous invite à abandonner toute tentative d’explication anatomique et toute spéculation sur la détection physique des méridiens : on ne trouvera rien. De même, les particules dont s’occupe la physique quantique sont invisibles pour la physique classique et ne répondent pas aux mêmes lois.

Les 7 grands principes de la quantique et le shiatsu

A l’heure actuelle, 7 grands principes ont été découverts, qui décrivent le comportement des objets du monde de l’infiniment petit. Exposons-les brièvement et voyons s’ils nous font connoter à des expériences connues en shiatsu.

1. La dualité onde-corpuscule : tout objet quantique peut se comporter à la fois comme une onde ou un corpuscule. L’observateur influence ce qu’il voit : soit l’onde, soit le corpuscule

2. L’incertitude : il n’est pas possible de connaître en même temps deux états d’une particule, par ex. sa vitesse (onde) et sa position (corpuscule)

Dans un article précédent, j’évoquais la (fausse) dualité entre les shiatsu dits ‘de points’ (tsubo) et ‘de méridiens’ (keiraku) et posais la question de savoir si cela ne dépendait pas plutôt de ce que l’on considère en premier.

Si on regarde l’onde, on ne voit pas la particule : keiraku shiatsu (des méridiens)

Si on regarde la particule, on ne voit pas l’onde : tsubo shiatsu (des points)

Dans la réalité, il y a les deux, un  indifférencié. Quand il n’y a pas d’observateur, il y a les deux… 

C’est la fameuse expérience de pensée du chat de Schrödinger. Tant qu’on n’ouvre pas la boîte, il est à la fois mort et vivant.

3. La superposition : un objet quantique peut être naturellement dans deux états à la fois en même temps : sens de rotation (spin up and down), fondamental et excité, ici ou ailleurs

Pour un esprit oriental, cela n’a rien étonnant. Pensons à YinYang. Il n’y a jamais exclusivement Yin et Yang, mais toujours YinYang, l’énergie est toujours les deux à la fois. Il y a mouvement vers l’un ou l’autre. Et dans le Yi Jing, quand on atteint le sommet du Yang, le Yin apparaît et inversement. Il n’y a pas d’état stable et figé de l’énergie (ou alors il y aurait justement comme un problème).

4. La décohérence : la mesure (ou l’observation) d’un objet en état de superposition conduit à sa décohérence. Ceci peut être déclenché par une infime variation de lumière, de champ magnétique, de température… Tout est en interconnexion et dès que l’observateur s’en mêle, on ne voit plus qu’un aspect. De plus, à chaque mesure, l’état observé peut être différent.

Cela me fait penser au diagnostic. L’énergie change sans cesse et donc, un diagnostic reflète l’instant où on le fait. Deux minutes après, si on refait le même sans aucune intervention, il ne sera normalement pas le même. C’est pourquoi le diagnostic donne une direction de départ et, par la suite, le traitement est le diagnostic.

5. Les quanta : il y a les fameux sauts quantiques, qui font qu’un objet peut passer brutalement d’un état à un autre, par paliers : les quanta.

Cela ressemble à la ‘photo d’avant’ et la ‘photo d’après’ la séance. Nous devrions photographier le visage de la personne qui rentre et qui sort, il n’est jamais le même. Il y a eu la séance entre les deux, mais on ne peut pas parler d’une progression linéaire, mesurable, avec des étapes bien déterminées et identifiables. Comme un saut quantique, donc.
 

6. L’intrication et la téléportation : deux objets liés se comportent comme un seul et même objet. Ainsi même à très grande distance, quand on modifie une particule, l’autre se modifie instantanément. C’est en quelque sorte l’abolition de l’espace-temps.

Je vous évoquerai cette étrange expérience que j’ai faite par deux fois. Pendant que je travaillais sur un endroit du corps, la personne ressentait  physiquement les mêmes pressions au même rythme de l’autre côté du corps, comme si quelqu’un d’invisible travaillait en même temps. On peut tenter d’expliquer de multiples façons… mais ça ressemble à de l’intrication, non ? 


7. L’effet tunnel (la fonction Josephson)
: un objet quantique se comportant comme une onde traverse un obstacle infranchissable (un effet passe-murailles).

Ni les vêtements ni le corps ne sont une barrière au travail énergétique. Nous n’envoyons pas d’ondes, évidemment, mais le toucher (matériel) va toucher en profondeur les niveaux d’énergie et la sensation de descendre dans le corps est fréquente.

Pas la peine de chercher à tout prix des ressemblances, mais avouons que travailler sur l’énergie ne suit pas les règles de la compréhension ordinaire du monde et que c’est sans doute la raison pour laquelle la science classique  est méfiante, parfois rejette ou condamne, malheureusement. La vision quantique de l’Univers est plus en affinité avec les pratiques énergétiques.

La perspective change complètement, en fait,  dès qu’on sort de la conception mécaniste de l’Univers (matière, cause/effet…) pour considérer l’angle informationnel, le flux d’informations permanent qui s’échange dans le corps et dans l’Univers entier.

Ou comme le dit l’excellent article de Martine Migaud, praticienne de Qi Gong au Canada, à propos des Méridiens Extraordinaires ; ‘l’ordinaire est nourri et conduit par l’extraordinaire’, ou encore ‘la matière même de notre être est un continuum qui va de l’individuel à l’universel’.

L’arrière-plan cosmologique nous détermine


On peut se demander pourquoi il est si compliqué en Occident de faire rentrer dans les mœurs des pratiques énergétiques ou une vision de l’Univers un peu plus ‘intégrative’, pourquoi il faut que nous nous séparions ainsi de la Nature et des autres êtres vivants.

Itsuo Tsuda qui, décidément,s’intéresse à tout et porte un regard japonais sur nos manies occidentales, en donne un bon résumé dans ‘Face à la science’, le 9ème tome de son ‘Ecole de la respiration’.

Il relève que la science occidentale est le produit de la cosmologie antique, dans notre cas, celle des Grecs. Hindous, Chinois et Japonais ont développé une autre cosmologie et ne sont pas arrivés à une ‘science’ au sens occidental.

Il y a effectivement plusieurs systèmes d’explication de l’Univers possibles selon le penseur qui a plus ou moins triomphé dans la philosophie à une époque donnée.

A ce sujet, il n’y a qu’à écouter les cours de philosophie de Michel Onfray qui nous parle des philosophes antiques dont la pensée a été écartée voire les œuvres détruites pour se rendre compte qu’on n’a pas gardé les plus ouverts, les plus perspicaces et les moins nuisibles comme modèles. La religion chrétienne n’a rien arrangé par la suite. L’histoire de la pensée occidentale est en majeure partie une série d’opportunités manquées (parfois juste de se taire) et le résultat est l’humanité contemporaine.

Scientifiquement, nous avons évolué (avec peine) du géocentrisme à l’héliocentrisme puis à la relativité. Si on veut : la Terre, puis le Ciel, puis on ne sait plus bien. Quand on s’est détaché de la métaphysique (l’influence de la religion chrétienne sur la science), deux approches scientifiques sont apparues :

  1. La déduction : on pose des axiomes, des principes évidents et on tente d’y faire rentrer l’Univers. La réalité, la pratique doit coller à la théorie. C’est Descartes et c’est français.

  2. L’induction : on observe les phénomènes pour arriver à des principes d’une portée universelle. On évacue ou ignore quelques contradictions ou imprécisions. C’est Newton et c’est anglais.

Jusqu’au début du XXème siècle, la physique de Newton était indiscutable. Si on reste à l’échelle humaine dans notre système solaire, elle peut effectivement nous suffire et nous a bien aidés. Mais dès qu’on va dans l’infiniment grand ou l’infiniment petit, d’autres lois apparaissent.

Depuis Einstein, ni la Terre ni le Soleil ne sont le centre de l’Univers, il y a autant de systèmes de référence que de positions de l’observateur, il n’y a en fait que des relations de mouvement réciproque entre deux points. Depuis les scientifiques quantiques, le monde n’est pas ce que nous voyons. La matière n’est pas ce truc solide que nous croyons. Et l’observateur est étroitement mêlé à ce qu’il voit. Mais peu importe, le monde a toujours été quantique… même avant que nous ne le découvrions.

Quantique le Ki, lui aussi 

Finalement, les pratiques énergétiques travaillent en grande partie avec et sur le Ki, concept indéfinissable. Mais c’est pareil : il y a toujours eu le Ki avant que nous le définissions. Quand on a lu les 9 livres de M. Tsuda, on ne peut toujours pas donner une définition du Ki, on a un champ de possibles basé sur l’expérience, le ressenti.

Citons-le, pour voir s’il n y’a pas là quelques analogies avec la quantique :

‘Le Ki n’est pas une idée obtenue suite à un effort intellectuel d’induction. Il est primaire. C’est ce qu’on sent antérieurement à toute réflexion. C’est ce qui nous fait agir et réagir, volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment.

Si le Ki était un phénomène quelconque, il n’y aurait aucun inconvénient grave à adopter un terme plutôt qu’un autre (magnétisme, radiation, vibration, émanation qui correspondent au Ki mais n’en couvrent pas tous les aspects). En adoptant un de ces mots ou plusieurs, je serais acculé à abandonner toutes possibilités de développement philosophique  que je voudrais entreprendre.  Le Ki n’appartient pas au système de pensée qui oppose le phénomène au noumène. Il peut agir sur les phénomènes. On peut le sentir ou pas du tout. On ne peut pas le démontrer objectivement. Si on le démontre, ce n’est plus du Ki.

Si le Ki flotte dans l’incertitude, il ne peut pas être l’objet de la science au sens XIXème. Mais bien  un défi à la science du XXème, à présent qu’on est acculé à accepter l’incertitude comme une vérité rigoureuse.  Le Ki transcende le cadre des phénomènes définis par l’espace et le temps.

Voilà qui fait penser à ‘ le Tao qui peut être nommé n’est pas le Tao’.

Ou encore, à Eckhart Tolle : ‘Le Ki est le lien entre le non-manifeste et le monde physique’.

Et, pour les Indiens, Pierre Feuga (in ‘Cinq visages de la déesse’) : ‘Tout, dans cet univers, depuis le moindre brin d’herbe jusqu’aux plus lointaines galaxies, est animé par Prânâ, l’Energie. Son omniprésence, sa puissance infinie rendent, sinon inutiles, du moins bien relatives les notions d’esprit et de matière.’

Et de rappeler la célèbre formule tantrique : ce qui est ici est là, ce qui n’est pas ici n’est nulle part. Non pas dans la seule perspective microcosme / macrocosme (analogie constitutive de l’homme et de l’univers), mais en tant que moyen et que puissance. Changer ici, c’est changer là, et revoici l’intrication quantique. 

Je n’influence pas, vous vous ferez votre propre idée sur le fait de savoir si, oui ou non, il y a des analogies entre le Ki et le niveau quantique de la réalité. 

Au long des mots ce délicieux parfum


Laissons maintenant de côté l’épistémologie et glanons des affirmations trouvées dans des articles sur la quantique :

  • Tout est lié, il n’y a pas  compétition mais association
  • Il n’y a plus de moi et d’autre
  • Mon regard crée l’univers que je vois
  • La quantique est une remise en question de lois censément infaillibles
  • La primauté est à l’expérience
  • Il n’y a plus de causalité locale mais globale, concernant l’Univers en son entier
  • Plus de contradiction, d’opposition, de ‘ou’, tout cela se réunit sur un autre niveau de réalité, la logique du tiers inclus demande les deux
  • Le monde invisible est aussi important que le monde visible
  • Il n’y a plus de dogme
  • Le monde intérieur et extérieur sont constamment interconnectés
  • La réalité est une
  • La quantique souligne l’importance de l’harmonie avec notre environnement
  • Nous sommes illimités
  • Le vide est rempli d’énergie, il est porteur d’une énergie infinie
  • Un océan d’énergie électromagnétique danse invisible sous la surface du monde
  • Dans un hologramme, la partie contient le tout
  • Tout n’est pas séparé, divisé et déterminé, mais fait d’unité et d’interconnexion

Comme le dit Basarab Nicolescu, dans la revue ‘Kaizen’, hors-série nr10, consacrée au… Souffle quantique : ‘La théorie quantique demande une transformation intérieure’. Pour comprendre, il faut d’abord se transformer soi-même.

Ne le répétons-nous pas au fil de tous ces articles ? La principale chose à faire est le travail sur soi.

Ces affirmations vous évoquent-elles quelque chose en rapport avec votre pratique ? Je vous laisse décider pour vous-mêmes, mais, depuis ma position d’observateur, c’est bien le cas. Et donc, pour moi, il flotte bien dans le shiatsu un délicieux parfum quantique.

Il nous reste, à toutes fins de complétude, à explorer deux approches quantiques de la santé.

Médecine quantique ?

Les incroyables découvertes de la quantique datent d’il y a presque 100 ans… mais on ne les enseigne toujours pas à l’école et le grand public ne les connaît pas vraiment. Malheureusement, et comme d’habitude, les Etats luttent pour obtenir ‘la suprématie quantique’ et investissent massivement dans des applications militaires, destinées à anéantir ou espionner les autres ou à s’arroger des monopoles. Conséquence de l’arrière-plan philosophique évoqué plus haut…

On peut quand même espérer voir d’autres applications, vu qu’il s’agit de lois universelles, et, pourquoi pas, dans le domaine de la santé. Il y a déjà l’effet de mode du mot ’quantique’, qui implique quelque chose de mystérieux et on voit fleurir des appellations comme finance quantique, architecture quantique, hypnose quantique…   A la grande fureur des scientifiques, qui considèrent la quantique comme leur apanage. C’est comme le mot ‘thérapie’ qui fait bondir certains médecins. Le problème, c’est de ne pas abandonner nos conditionnements conceptuels.

Et donc, il y a déjà une discipline qui s’appelle la ‘médecine quantique’. Selon Science & Vie, rien de sérieux là-dedans, aucune preuve d’efficacité et une caution scientifique usurpée donnée par le mot ‘quantique’.  Selon Wikipedia, une ‘pseudo-science’.

Tout conditionnement conceptuel mis à part, il y a des soignants qui expérimentent avec la vision quantique.

Ainsi le docteur Jean-Louis Garillon, vice-président de l’Institut International de Medecine quantique de Moscou, nous la décrit-il en ces termes : ‘la médecine quantique est une thérapie complémentaire personnalisée, comme la MTC, l’Ayurveda… Elle se fonde non pas sur l’action de substances chimiques dans le corps, mais sur des réactions d’ondes ou de champs électromagnétiques particuliers émis au niveau de l’organisme. Son objectif n’est pas de combattre un symptôme particulier, mais de remonter à sa source pour en comprendre et en traiter les causes, afin de ramener le patient à son point d’équilibre, c’est-à-dire à son état optimal de santé. Elle repose sur l’utilisation d’appareils spécifiques ayant en commun des mécanismes de ‘résonance’.

Ceci nous ramène à une période récente peu connue, lorsque la Russie s’appelait l’URSS. A l’époque, les scientifiques russes ont exploré des pistes étonnantes en matière de médecine, de soins, de jeûne, de phénomènes psychiques et parapsychiques… Tout cela s’est perdu plus ou moins avec le déclin du communisme, faute de financement, évidemment. 

Les recherches russes en médecine dite quantique ont par contre été motivées par une très intéressante constatation de la recherche spatiale : dans l’espace, l’allopathie ne fonctionne pas pour certains problèmes de santé. Raison : l’apesanteur, l’absence de champ magnétique terrestre et, en orbite, 16 rotations quotidiennes autour de la Terre. La physiologie des cosmonautes se modifie, mais pas le processus fonctionnel énergétique. L’énergie sous-jacente à l’activité des organes ne change pas. Et donc, une médecine basée sur l’utilisation des quanta a commencé à se développer, utilisant des machines capables de rectifier les champs énergétiques perturbés. On ne traite pas le corps, mais les champs électromagnétiques.

Constatons que :

  • notre santé est déterminée en tout temps et en tout lieu par les composantes ondulatoires et informationnelles de l’organisme, et non exclusivement par la matière et la chimie

  • la médecine classique ne fonctionne bien que sur Terre, où elle est soumise aux lois de la physique classique

  • les thérapies énergétiques fonctionnent sans doute dans tout l’Univers, car l’énergie n’est pas soumise aux conditions d’un seul système

Voilà qui pour nous est très excitant ! Il va falloir embarquer un praticien / une praticienne de shiatsu dans la prochaine mission spatiale, pour vérifier.

Je crois que le mot 'résonance' est fondamental dans les futurs développements des thérapies énergétiques, qu'il s'agisse de son ou de recherche de la justesse de certaines connexions.

Le Quantum Shiatsu

Certains praticiens de shiatsu ont déjà exploré la voie de la quantique. Il existe une branche du shiatsu appelée Quantum Shiatsu, fondée par Pauline Sasaki, une élève de Shizuto Masunaga, Wataru Ohashi et Akinobu Kishi.

Le Quantum Shiatsu explore bel et bien des concepts que nous retrouvons dans la quantique. Ainsi, on considère que les 12 méridiens se connectent en un seul flux et que tous les méridiens peuvent être travaillés à partir de n’importe quel point (la ‘cohérence quantique’). On parle de corps d’énergie, de fusion des différents niveaux de corps d’énergie, de trame, d’activation ADN… Et le shiatsu quantique se pratique aussi bien de façon physique qu’à distance.

Pour le dire avec les mots de sa fondatrice, feue Pauline Sasaki : ‘le Quantum Shiatsu est un style de travail corporel qui reconnaît les aspects multi-dimensionnels de l’énergie dans le corps physique. La plupart des styles de shiatsu basent leur théorie et leur pratique uniquement sur les principes anciens dérivés des médecines chinoise et ayurvédique. Le Quantum Shiatsu va un pas plus loin et incorpore des concepts de la physique quantique qui illustrent comment le corps physique peut fonctionner comme un champ de vibrations énergétiques en expansion et contraction’.

C’est cohérent avec ce que nous avons dit des cosmologies ou représentations du monde à la base de telle ou telle science. Le Quantum Shiatsu part sur un paradigme supplémentaire, il ne reste pas sur la vision du monde chinoise / japonaise à la base de la plupart des compréhensions du shiatsu, mais il ajoute la vision quantique.

N’en ayant jamais vu pratiquer ou reçu, je m’abstiendrai de tout commentaire. Il est bon de savoir que cette voie a déjà commencé à être explorée par des praticiens de shiatsu.


De la nécessité de nourrir notre shiatsu 

Arrivé au terme de cet article, on peut se demander  ce qui peut bien motiver à écrire des choses pareilles quand on fait du shiatsu.

Il y a tout d’abord le fait qu’avec le shiatsu comme métier, j’ai cessé d’être schizophrène. C’est-à-dire que ma vie ne fait plus qu’une car le shiatsu est devenu ma vie, et non pas mon travail. Et que, par conséquent, je n’ai pas de hobbies pour me distraire ou me reposer de mon travail, mais tout concourt à une même réflexion ou, mieux, un même élan : la Vie. Depuis le temps que la quantique me chipote l’esprit, la réflexion s’accomplit petit à petit et, un jour, c’est plus ou moins présentable.

Il y a ensuite tout l’intérêt d’être curieux et de penser de façon analogique. Finalement, tout le monde dit plus ou moins la même chose, les religions, les philosophies, les sciences, les styles et écoles de shiatsu. Plutôt que de nous épuiser à nous contredire et nous critiquer, intéressons-nous à la diversité des approches et regardons le monde depuis le point de vue de très nombreux observateurs. C’est un enrichissement.

Et enfin, il me semble que nous devons rester (ou devenir) de bons généralistes, c’est-à-dire des gens curieux, ouverts et capables de faire des correspondances. Il y a toujours bien un ou plusieurs domaines où nous aimons nous spécialiser, par goût ou affinités. Mais le danger des spécialisations est de ne considérer qu’un seul aspect, et la vie n’est pas une spécialisation

Sentons-nous donc tout à fait légitimes d’avoir un avis ou un regard sur les choses qui ne sont pas à strictement parler de nos compétences… à condition d’apporter un éclairage et un questionnement non-péremptoires. Cela ne veut pas dire que la pratique doit devenir un fourre-tout hétéroclite de choses glanées à gauche à droite. Mais soyons des touche-à-tout. Il s'agit bien de nourrir et de se nourrir.

En vous souhaitant dès à présent de nombreux ressentis quantiques…




 

Monday 9 November 2020

Shiatsu no kokoro, le slogan du shiatsu : une exégèse



Tokujiro Namikoshi (1905-2000) est décédé il y a 20 ans et on voit fleurir des commémorations un peu partout. Rendons-lui hommage à notre façon en décortiquant une très célèbre phrase de son invention qui commence par ‘shiatsu no kokoro’. Et voyons, comme d’habitude, où cela nous mène.


Première constatation : le personnage était fortement médiatisé et il a largement contribué à rendre le shiatsu célèbre au Japon, par de nombreuses apparitions à la télé ou dans des films. Le groupe Facebook ‘History of Shiatsu’ est en train de rassembler des documents à ce sujet. Il y a évidemment des mythes et beaucoup d’imprécisions sur le rôle et les interactions de T. Namikoshi dans l’histoire du shiatsu, et cela devra être éclairci. Toujours est-il qu’il est arrivé à faire reconnaître officiellement son style et son école au Japon. (cfr Japan Shiatsu College).

C’est curieux que l’on retienne surtout les anecdotes de la vie de quelqu’un. Ainsi, l’annonce officielle du décès de M. Namikoshi est toujours accessible sur le site du Japan Times depuis l’an 2000 et, à la lire, on croirait que son principal fait d’armes a été de donner un traitement à Marylin Monroe.

https://www.japantimes.co.jp/news/2000/09/26/national/obituary-tokujiro-namikoshi/

La phrase ‘shiatsu no kokoro’ qu’il répétait partout est encore gravée dans la mémoire de nombreux Japonais. M’étant retrouvé dans un restaurant du Sud du Kyushu, à Ibusuki, entouré de Japonais alcoolisés qui ne parlaient pas un mot d’anglais et voulaient connaître mon métier, je leur dis ‘shiatsu’, ce qui suscita seulement de l’incompréhension. 

Par contre, dès que je leur dis ‘Shiatsu no kokoro ’, ils se mirent tous à lever le pouce en riant. Preuve que le slogan a bien pénétré les esprits. 

D’où l’intérêt de nous demander, puisque le slogan fonctionne, comment on peut le comprendre et si on peut dépasser l’aspect sloganesque et y chercher du sens

Ce qu’il a vraiment dit


Pour commencer, on trouve évidemment plusieurs versions de la phrase, transcrite à moitié ou avec des mots réinventés. Depuis la nuit des temps, on se trompe en recopiant, mais ici, heureusement, nous avons des vidéos de M. Namikoshi lui-même qui dit son slogan.

Par exemple, celle-ci, à 2 :10, par les bons soins des collègues de Roumanie : 




Et donc, il dit : shiatsu no kokoro hahagokoro oseba inochi no izumi waku hahaha.

Il le dit aussi avec des gestes et avec une intonation particulière.

Comment ça s’écrit


Après, quand on cherche comment ça s’écrit, on trouve également pas mal de divergences. Ce sont soit des erreurs, soit des interprétations. Des mots comme oseba ou waku peuvent s’écrire avec des kanji différents qui se prononcent pareil, du coup, lequel choisir ?

Voici par exemple deux versions assez officielles, d’abord le film d’animation quelque peu hagiographique réalisé par la Canadian Shiatsu Society of British Columbia, traduit en Japonais et qui écrit (avec hahaha à la fin):

指圧の心は母ごころ圧せば命の泉湧く (ワッハッハ )

Cela apparaît dans le film à 13 :25. 


Autre version officielle, le site de la famille Namikoshi, qui écrit (sans hahaha à la fin):

指圧の心は母ごころ押せば生命の泉湧く

Même sans lire le Japonais, vous voyez que cela ne s’écrit pas pareil. Ce site précise en outre que T. Namikoshi est passé au programme télé de l’après-midi le 1er mois de la 43ème année de l’ère Showa (soit fin décembre 1969 – janvier 1970) et y a lancé son célèbre slogan.

On peut évidemment supposer que la famille Namikoshi possède la graphie officielle et nous partirons de celle-là pour analyser le slogan.

Et les traductions ?


Après, comment traduire cela, c’est le nœud du problème. Nous, pauvres Occidentaux, devons faire confiance à ceux qui nous affirment ce que cela signifie.

Et là on trouve de tout. Fondamentalement, je pense que les Japonais se moquent de la façon dont cela peut bien être traduit dans d’autres langues et sourient poliment quand nous revenons vers eux avec nos imprécisions et erreurs de compréhension.

Quand je lis les diverses traductions, ce qui semble fasciner, c’est l’idée de l’amour maternel et, généralement, on ne dépasse pas la moitié de la phrase. On trouve par ex. ‘le cœur du shiatsu est l’amour maternel’, ou ‘comme l’amour d’une maman’, ou ‘l’âme du shiatsu est l’âme d’une mère’ ou ‘le bon shiatsu secret est le toucher de la mère’.

Sur les documents officiels, le site du Japan Shiatsu College traduit ‘The heart of shiatsu is like a mother’s love, pressure of the finger causes the spring of life to flow’.

Et dans la traduction officielle en français du livre du Japan Shiatsu College ‘Techniques fondamentales du Shiatsu Namikoshi’, on lit ‘L’esprit du shiatsu est semblable à l’amour maternel. Les pressions font jaillir les sources de la vie’.

Ce ne sont pas les traductions divergentes de collègues nettement plus calés en japonais que moi qui me gênent, mais bien les connotations que nous mettons autour des mots. Car parler d’amour maternel, de cœur, d’âme, d’esprit génère des associations mentales avec des concepts occidentaux qui n’ont rien à voir avec ce qui est dit et sont nuisibles à une compréhension claire. 

Nos compréhensions risquent toujours d'être partielles et biaisées, nos esprits ayant grandi dans le christianisme ou les philosophes classiques et, en tout cas, pas dans la pensée orientale. Certains concepts japonais sont intraduisibles chez nous, à moins d’écrire une longue périphrase.

Il va donc falloir aller chercher l’étymologie de chaque mot et tenter de nous rapprocher du sens (ou de l’essence des mots). Prêts ? 

SHIATSU 指圧


Je ne reviendrai pas là-dessus, un article précédent a été consacré à la lecture des deux kanji pour écrire shiatsu. Nous avons tous une idée de ce que veut dire shiatsu.

Ce qui ressortait de l’analyse détaillée des deux kanji, c’était le double mouvement, à savoir une pression vers le bas appelant une réponse vers le haut, suite à une intention transmise par la main. Vous verrez que cela va faire écho avec la fin du slogan.

NO の


Particule qui modifie le nom qui le suit, en fait, comme en Anglais, le génitif qui se place devant et correspond au ‘s.

Sensei no hon, the teacher’s book, le livre du professeur.

KOKORO 心


Le sens profond


Kokoro, habituellement traduit par 'coeur', est un de ces mots japonais intraduisibles en un mot français, car il n’a pas vraiment d’équivalent chez nous.

Comme le dit Pierre Feuga (in ‘Tantrisme’), ‘dans la conception populaire occidentale, le cœur est essentiellement le siège des sensations et des émotions, ou bien le siège des sentiments et des passions, devenant même parfois synonyme de bonté et de charité’. L’intelligence du cœur n’est qu’une faculté qui permet d’y voir plus clair et n’a rien de transcendant. Chez les Hindous (et, ajoute-t-il, nombre de spirituels occidentaux et orientaux), le cœur est avant tout ‘le siège de l’intuition intellectuelle, celle qui perçoit les essences, dévoile les symboles, pénètre le sens de la vie directement sans passer par l’analyse. 

Avec ‘kokoro’, on dépassera également l’idée occidentale de cœur. Itsuo Tsuda (in’ La Voie des dieux’) nous dit que si ‘kokoro’ est étymologiquement identique à l’organe central de l’appareil circulatoire, ‘pourtant, l’acception en est toute différente. Le cœur en français est plutôt le sentiment, tandis que le kokoro en japonais n’est ni tout à fait le sentiment, ni l’esprit, ni la pensée. C’est quelque chose que nous ressentons à l’intérieur de nous-mêmes, il s’approche plutôt du mind en anglais. Si on traduit par mental ou psychique, ce sera encore différent’.

Et il ajoute que la recherche d’un kokoro qui reste imperturbable devant un danger imminent, qui reste calme en toute circonstance, est le but principal imposé à ceux qui essaient d’atteindre la perfection dans le métier des armes.


Si on regarde les graphies anciennes, elles n’ont de plus pas grand chose à voir avec une représentation graphique de cœur. (je redessine les modèles de caractères chinois anciens sur base de l'excellent livre de Cecilia Lindqvist 'China, Empire of living symbols'). On voit bien l'évolution vers le caractère contemporain.

Le kanji cœur est utilisé pour des émotions très variées et se retrouve dans des caractères composés désignant des émotions et états d’esprit, de même que des idées touchant l’homme intérieur, le cœur moral. C’est intéressant par exemple de voir que ‘penser’ se dit omou, et surtout s’écrit , superposition d’un champ de riz , espace géographique délimité et ordonné (symbole du carré) au-dessus du kokoro. Penser, c’est donc du kokoro mis en forme rationnellement.

La moins mauvaise traduction faute de mot français approprié me semble donc quelque chose comme ‘état d’esprit’ ou ‘ressenti profond’.

Lafcadio Hearn, une vision intérieure du kokoro


Pour qui voudrait se plonger dans le ‘kokoro’ propre à une époque, en l’occurrence Meiji, il existe ce délicieux livre titré Kokoro, écrit en anglais en 1896 par Lafcadio Hearn, premier Européen à avoir pris la nationalité japonaise et toujours aimé aujourd’hui par les Japonais au point d’avoir son musée dans la ville de Matsue. ‘Kokoro’ est une collection d’histoires, d’anecdotes, de réflexions sur un Japon en pleine évolution vu par un gaijin, mais de l’intérieur.

En préambule, Lafcadio Hearn donne cette définition de ‘kokoro’ : les textes composant ce volume traitent de la vie intérieure plus que de la vie extérieure du Japon, et pour cette raison ils ont été regroupés sous le titre kokoro (cœur). Ce mot signifie également esprit (mind), au sens émotionnel, esprit (spirit), courage, résolution/détermination, sentiment, affection et sens intérieur, tout comme nous dirions en anglais ‘le cœur des choses’.

Voilà qui rejoint l’idée de ressenti, quelque chose d’intérieur, au centre.

Kokoro / Shin


KOKORO, selon son association avec d’autres kanji, se prononce également SHIN tout en s’écrivant de la même façon, ainsi dans le célèbre HANNYA SHINGYÔ 心経, traduit par sutra du cœur, si on ne considère que le mot Shingyô. Traduction hâtive de nouveau, car le titre complet est Maka Hannya Haramita (mahaprajnaparamita en sanscrit) Shingyô, soit, classiquement, Sutra du Cœur de la Grande Perfection de Sagesse, ou, encore, plus intéressant : Essence du Sutra de la Grande Sagesse qui permet d'aller au-delà. 

Pas la peine donc de s’efforcer à ressentir dans son cœur les effets d'un sutra qui traite de tout autre chose, et je crains que nous ne devions utiliser ‘cœur’ pour ‘kokoro’ que lorsque nous parlons de l’organe. 



TRADUCTIONS


Arrivé à ce point, la première partie de la phrase n’est donc certainement pas ‘le cœur du shiatsu’, mais quelque chose comme :

Le ressenti profond du shiatsu

L’état d’esprit du shiatsu

Le kokoro du shiatsu


WA は


Certaines versions écrites du slogan donnent ‘shiatsu no kokoro wa’ et c’est vrai qu’en écoutant M. Namikoshi, ce n’est pas clair s’il prononce ‘wa’ (personnellement je ne l’entends pas), mais les Japonais avalent la moitié de leurs mots quand ils parlent.

La phrase parlée est particulièrement elliptique, car il n’y a pas de particule indiquant le thème ou le sujet, pas de verbe dans la première incise et l’infinitif pour terminer (pas de conjugaison). Peut-être a-t-on éprouvé le besoin d'adapter pour l'écrit. 

Si on ajoute ‘wa’, cela ne change pas grand-chose, puisque wa est une particule qui indique le thème de la phrase. On peut traduire par ‘au sujet de’ ou ‘pour ce qui concerne’.

HAHA 母


Etymologie


Haha, c’est la mère. Pour une fois, il n’y a pas 10.000 significations. Ce kanji est associé dans de nombreuses occurrences, par exemple :

  • Etrangement ce que nous appellerions la patrie se dit en Japonais Bokoku 母国, le pays de la mère, ce qui est donc la matrie.
  • Une voyelle est un son -mère car cela s’écrit 母音 et on sait que le kotodama est basé sur 5 voyelles qui engendrent tous les sons. 

Il y a donc dans la mère l’idée de l’origine, de la génération.

Quand un kanji est simple, il faut aller voir les anciennes graphies et deux (parmi les multiples mots désignant la femme) retiendront notre attention : haha 母 et onna 女
 

A l’origine du kanji, les caractères pour dire femme (onna - ) et mère (haha - ) étaient semblables et ne se différenciaient que par les points pour indiquer les seins.

HAHA la mère vient bien de onna (femme avant le mariage). Lorsqu’on place la femme sous un toit, à la maison, on a la sécurité et la stabilité, comme le dit le mot ANZEN 安全, qui se décompose en totalement (zen) tranquille (an). Il ne s’agit pas à la base d’une quelconque misogynie (les femmes à la maison), mais plutôt d’une répartition du travail au Japon, les femmes s’occupant de tout ce qui est à l’intérieur et les hommes de ce qui est à l’extérieur.

La mère est celle qui possède la poitrine pour nourrir. Idéalement, elle a deux enfants, fille et garçon. La mère est l’origine, la source de l’existence, nous disait Maître Kawada.

Ce qui est gênant, à nouveau, ce sont toutes les connotations que nous mettons autour de la notion de mère. Il me semble, au vu du kanji, que nous devons nous limiter à trois aspects non-fantasmés.

La mère dans son rôle nourricier


Si la représentation des seins est ce qui distingue la mère dans le kanji, ce n’est sans doute pas que, comme Margot, elle dégrafait son corsage devant les gars du village, mais pour son aspect nourricier qui la distingue d’une autre femme, comme nous l’avons vu dans les formes primitives du kanji.

Le méridien de l’Estomac passe bien au centre du mamelon (point ES17, Nyûchû, milieu du mamelon). Philippe Laurent (in ‘L’esprit des points’) donne comme étymologie l’hirondelle couvant sa nichée et donc les actes requis pour élever la progéniture de l’homme : nourrir, allaiter. Il ajoute que ce point n’aide sur aucune pathologie en particulier, mais constitue bien plutôt un repère anatomique. Sans avoir la science de Philippe Laurent, je me demande bien pourquoi avoir défini un point qui ne sert à rien. De plus, un point n’est jamais un repère anatomique. Le repère, c’est le mamelon qui permet de trouver le point. Et on peut s'interroger sur son utilisation chez un homme. Questions sans réponse... sauf à retourner peut-être au stade indifférencié du développement embryonnaire.

Evidemment, comme pour le Vaisseau Conception 1 sur le périnée, on ne va pas se précipiter dessus pour le traiter, à cause des possibles connotations sexuelles (idiotes, mais généralement indéracinables). Encore moins le piquer ou y appliquer du moxa, mais là on comprend pourquoi. Il n’empêche que c’est le point par excellence lié à la nourriture de la vie naissante et le méridien de l’Estomac est la première partie du trajet de longévité.

Pour nous le kanji haha est très excitant, car, songez-y : c’est probablement le seul kanji qui représente un point de shiatsu, et des deux côtés, encore.

La mère comme origine de la vie


‘Mère’ nous ramène aux premiers instants de la vie, là où la mère donne la vie et crée un phénomène séparé, l’enfant.

Itsuo Tsuda nous décrit cet instant de façon intéressante : ‘Aucune inspiration, aucune expiration n’est un geste mécanique de répétition. Chacun de ces moments est l’occasion d’un nouvel écoulement de la Vie infinie dans notre être.

Cette respiration totale et cosmique est comparable avec la respiration des nouveau-nés. Avant la naissance, placés dans le liquide amniotique, ils ne respirent pas. Au moment de l’accouchement, ils passent dans le conduit étroit du vagin qui exerce sur eux une pression, laquelle agit , conjointement avec les stimuli exercés par la friction sur la peau et la différence thermique, pour préparer la première inspiration de la vie qui commence sur Terre. C’est cette première inspiration qui donne l’élan initial à la vie et le nouveau-né ainsi mis au monde par voie naturelle, respire de tout son être.

La vie commence avec une inspiration et finit par une expiration. La vigueur du parcours dépend de l’élan initial que la nature a soigneusement mis au point pour qu’il se produise à la naissance. Aujourd’hui, cet élan initial est devenu un luxe car de plus en plus d’enfants viennent au monde par césarienne. Le monde se remplit de gens moroses, sans élan. La respiration est superficielle, sans pouvoir pénétrer jusqu’au ventre. On vit fragmentairement.’

Ainsi donc, la mère est le lieu de l’élan initial qui nous propulsera dans cette vie et la qualité de cet élan déterminera la vigueur de notre existence. Le moment en quelque sorte où la batterie des Reins, soigneusement chargée pendant la grossesse, se met à fonctionner et la respiration débute le ‘final count down’ de notre existence.

La mère comme relais sur la lignée et comme Source


Qui dit père et mère dit ancêtres et lignée et nous abordons ici une donnée fondamentale de la culture orientale. 

Pour rester au Japon, évoquons la conception Shintô, qui consiste à exprimer de la gratitude envers les kami, càd envers l’univers en nous et à l’extérieur de nous. Même si, de nos jours, on prie les kami pour des problèmes personnels, à l’origine, la seule chose qu’on puisse leur demander était d’avoir un enfant, car cela représente la continuité des ancêtres, nous dit Emiko Kieffer (in ‘Le Shintô, la source de l’esprit japonais’). Gratitude, respect pour les ancêtres et la Grande Nature qui nous font vivre, voilà l’essence du Shintô.

Sauf ignorance toujours possible, les Japonais ne semblent pas avoir de référence historique ou mythologique à la Grande Mère, au sens où, en Occident, l’archéologie réfère par ex. à une société matriarcale et où nous employons des termes comme ‘Mère Nature’, etc, en Amérique la Pachamama…

Mais ainsi que me le fit remarquer ma tantrika, par la Mère, il faut entendre la Source. Peu importe ce que les différentes Traditions, plus ou moins d’accord sur le fond, en ont fait par la suite. 

Eckhart Tolle, qui n’est le porte-parole d’aucune Tradition en particulier, nous parle de la Source et du Ki en ces termes. ‘Le non-manifeste (la Source) est l’origine du Ki et ce dernier est le champ énergétique de votre corps. Il sert de lien entre votre enveloppe extérieure et la Source. Il se situe à mi-chemin entre le manifeste, le monde de la forme et le non-manifeste. On peut le comparer à une rivière ou à un courant d’énergie. En amenant attention et conscience dans le corps énergétique, nous remontons le cours de la rivière jusqu’à la source. Le Ki est mouvement, le non-manifeste est le point d’immobilité absolue qui vibre de vitalité. Le Ki est le lien entre le non-manifeste et le corps physique.’

Le point singulier où le non-manifeste se révèle sous la forme du Ki qui devient le monde est, selon Tolle, celui de la naissance et de la mort. Lorsque la conscience est dirigée vers l’extérieur, le monde et le mental voient le jour. Lorsqu’elle est dirigée vers l’intérieur, elle actualise sa propre source et retourne à sa demeure originelle, le non-manifeste. D’où ce conseil de ne jamais accorder toute notre attention au monde extérieur, mais d’en maintenir une partie vers l’intérieur. Sentir l’immobilité et maintenir la porte ouverte.

Ce qui me fait penser à ce que disait Me Ueshiba, en termes Shintô toujours, de la pratique (je cite Itsuo Tsuda, in ‘La Voie des dieux’) : Kokoro o ame tsuchi no hajime ni oite kudasai : placez votre ‘kokoro’ au commencement du Ciel et de la Terre. Il s’agit donc bien de porter son attention à la pénétration du Ki, en se mettant au commencement de l’Univers, et de permettre le surgissement de tous les possibles. Chose que Tsuda expérimentait dans son ressenti comme une ‘baignade lumineuse’.

Chaque jour est le premier jour de la création. Chaque jour est peut-être le dernier jour du retour au Vide, nous dit-il. Eh bien, chaque séance de shiatsu est le premier jour de la création.

Sortir de la vision maternante du shiatsu


Cet état d’esprit ou ressenti profond (kokoro) de la Source et de l'origine de la Vie me semble être le fameux hahagokoro dont parle T. Namikoshi. Car s’il s’agissait d’amour maternel (pourquoi d’ailleurs traduire kokoro une fois par cœur et ensuite par amour, alors que c’est deux fois le même kanji en japonais), je me sentirais exclu à jamais de ce ressenti, en tant qu'homme, sans oublier toutes les femmes qui n’ont pas d’enfant ou n’ont absolument pas la fibre maternelle au sens commun. Nous serions incapables à jamais de comprendre de quoi on parle et le shiatsu serait une affaire de mères biologiques.


Une vision ‘maternante’ du shiatsu me semble bien trop ancrée dans l’idéalisation (très récente, historiquement parlant) de l’amour maternel
tel que prôné par une vision religieuse ou sociétale occidentale (dont certaines mères sont d’ailleurs incapables, que certaines femmes refusent et que bien des enfants rejettent… tant le vécu de chacun peut différer). Par contre, se placer à l’origine du Ki, voilà qui me parle, en méditation comme en shiatsu. 

Et ensuite, on ne peut pas dissocier la première partie de la phrase de la seconde, donc l’effet de hahagokoro a bel et bien à voir avec la pression qui fait jaillir les fontaines de la vie, rien de ‘maternel’ là-dedans. 

On va voir comment analyser cela.

Traduction de la première partie de la phrase


La première partie de la phrase se termine donc par 'hahagokoro', ce qui est une apposition de 'haha' et 'kokoro', le k devenant g, comme c'est le cas souvent en Japonais, les consonnes mutent dans certaines configurations de mots. -ごころ s'écrit dans les mots composés et souvent en hiragana.

Digression : faut-il chercher dans 'hahagokoro' une analogie avec 'Yamatogokoro' 大和心 (ou Yamato damashii), qui signifie l'âme profonde du Japon, le 'nihonisme' (comme dit Isaiah Ben-Dasan), le fort sentiment commun aux Japonais d'être uniques au monde ? Sachant que 'haha' entre dans des composés comme la patrie et que Yamato 大和 renvoie à 'wa'  qui est la spécificité japonaise, y a-t-il là entre les lignes que le shiatsu est quelque chose de spécifique au Japon ? L'analogie m'effleure, mais je pose ça là, sans plus.

Restons au plus près des mots et tentons, à ce stade, une première formulation :

  • Sans le wa : ressenti profond du shiatsu ressenti profond de la Source ( de l’origine du Ki)

  • Avec le wa : Au sujet du ressenti profond du shiatsu, (c’est) avoir le ressenti profond de la Source (de l’origine du Ki)

Faites-vous une tasse de thé, on poursuit sur la deuxième partie de la phrase.

OSEBA 圧せば ou押せば


On trouve les deux orthographes et la deuxième graphie est la version Namikoshi. Dans tous les cas, cela se prononce oseba. Et dans tous les cas, le verbe ‘Osu’ signifie presser, appliquer une pression par en haut, sceller, influencer, prendre le pouvoir sur qqch.

La première graphie, vous la connaissez. , c’est le même kanji que atsu, de shiatsu, qui signifie pression. 圧す, osu, cela signifie donc presser, mais il semble que ce soit un archaïsme.

Le mot plus courant, c’est 押す, qui se prononce également osu et veut également dire presser, et on y retrouve le signe de la main .

Les deux kanji impliquent quoi qu’il en soit une idée de pression verticale du haut vers le bas, ce qui est pertinent pour nous.

Osu devient oseba au mode conditionnel, la conjonction ba étant la marque du conditionnel. Le conditionnel en japonais établit généralement une relation entre deux phrases, la deuxième phrase s’accomplira si la condition est remplie.

Donc, traduction de oseba : si appuyer verticalement, (alors quelque chose se passera).

INOCHI 命


Il y a plusieurs kanji pour dire la vie en Japonais, le plus connu étant , prononcé généralement ‘sei’ et que l’on retrouve dans Sensei, 先生càd la vie ancienne, qui précède, ce que nous traduisons par ‘Maître’. Le Maître est celui qui, plus âgé, a l’expérience pour transmettre.

Le fait évidemment que Namikoshi utilise Inochi, et pas sei, nous incite à aller voir les nuances propres à ce kanji et nous trouvons vie, mais dans le sens d’un destin. Destin, mot à fuir de nouveau au sens occidental (fatum), bien plutôt, la destination, le sens de la vie (dans le ... sens de direction). 

Sei et inochi sont associés dans l’orthographe des Namikoshi 生命, ce qui devrait se prononcer seimei et signifie la vie organique, l’existence, la force de vie, l’essence.

Le point Meimon porte de la Vie, en rapport avec les aspects Eau et Feu des Reins gauche et droit s'écrit 命門, c'est donc le même kanji que Inochi et cela nous indique bien que ce kanji est en rapport avec l'Essence profonde de l'énergie vitale.

On peut donc comprendre que le Inochi dont question ici concerne à la fois la vie vue dans sa finalité et l’existence humaine. Et que donc le shiatsu a un effet sur notre vie quotidienne, ainsi que sur le flux de vie en nous, qui nous précède et nous dépasse.

Inochi by Nakazono


De même que ‘kokoro’ est le titre d’un ouvrage de Lafcadio Hearn, ‘Inochi’, sous-titré ‘Le Livre de la Vie’, est le titre d’un livre de Nakazono Sensei, quasi-introuvable aujourd’hui.

Ouvrage très étrange consacré au Kotodama, cette pratique de sons propres aux Japonais, basée sur leur langue syllabique (dans son oralité). Il est très difficile de trouver des sources fiables en matière de pratique de kotodama et les éléments donnés par Masahilo Nakazono sont parfois bien obscurs, mais ce qui nous intéresse, c’est par exemple cette affirmation : ‘le contenu total de l’activité de l’univers et sa concrétisation a été reconnu et saisi dans le principe de vie des 50 sons’. Ou encore ‘nos ancêtres ont saisi l’ordre complet de la manifestation de la vie humaine comme un passage de l’a priori à l’existence réelle de l’être vers les phénomènes universels a posteriori, pour revenir à l’a priori. C’est le cycle complet de la manifestation universelle. Le principe de Kotodama est le principe de la vie humaine dans sa totalité’.

On comprend donc bien à nouveau que quand on choisit de dire Inochi, on entend bien plus que l’espace entre la naissance et la mort d’un individu, mais plutôt l’énergie vitale, non-manifestée puis manifestée, ou, si vous préférez : Ciel Antérieur et Postérieur. 

La Vie, quoi.

IZUMI 泉


Le mot Izumi renvoie vers une source, une fontaine, une eau jaillissante.

Le kanji est composé de ‘eau’ et de ‘blanc’ , ce qui montre l’écume d’une eau jaillissante, sous pression, donc, et un jaillissement vers le haut. Rappelez-vous que le kanji atsu dans ‘shiatsu’ contient également cette idée de pression vers le bas et vers le haut.

Quand on presse, c’est la Vie qui jaillit comme une fontaine. Rappelez-vous également (texte précédent sur les tsubo) qu’étymologiquement, les tsubo sont des cavités où se tapit le ki. Soit ils sont vides et doivent se remplir, soit ils sont trop pleins et il faut évacuer l’énergie.



WAKU 沸 ou 湧


On trouve aussi plusieurs graphies pour dire waku

沸 Bouillir, exciter, fondre donne waku bouillir, avoir lieu énergétiquement, fermenter

湧 Bouillir, fermenter, bouillonner donne waku : surgir, jaillir, sourdre, apparaître soudainement, voire ressentir des émotions

La deuxième écriture (retenue par les Namikoshi) semble donc plus plausible. Même si à la base des deux kanji il y a cette idée de bouillonnement, de fermentation (signe de vie), le kanji attaché spécifiquement à l’eau semble plus juste que celui associé à la chaleur.

A propos de ces imprécisions orthographiques, est-ce à dire que les Japonais eux-mêmes hésitent sur la façon d’écrire ce qu’ils entendent ? Exactement. Ils voient le sens et plusieurs façons possibles de l’écrire et, s’ils confondent les kanji, des imprécisions peuvent en résulter.

Le fait d’employer deux références explicites à l’Eau (izumi et waku) renverrait-il d’ailleurs au Mouvement Eau, lié aux Reins, à l’énergie vitale, à l’origine de la vie, et portant le numéro 1 dans la numérotation du carré magique, car c’est le premier et le plus important ? Maître Kawada nous disait de toujours revenir aux Reins. Et hahagokoro nous renvoyant également vers l’essence même de l’énergie, ce ne serait pas étonnant.

Autre chose, le verbe waku n’est pas conjugué mais à l’infinitif, ce qui donne une idée de soudaineté et évite toute précaution de forme ou de conjugaison. En français, nous avons quelque chose de semblable : ‘et les eaux de jaillir’ donne un effet plus spontané que de dire ‘les eaux jaillissent’. 


(WA) (HA) HA HA


Peut-être faut-il voir dans cette finale le goût des Japonais pour les onomatopées (giseigo), puisqu’ils aiment les mots avec des répétitions syllabiques.

Namikoshi ponctuait toujours son slogan de ces 3 interjections sonores. Le sourire qui ne le quittait jamais est un peu sa marque de fabrique, de même qu’un comportement en apparence assez extraverti. C’est un type que l’on observe fréquemment au Japon chez les personnes d’un certain âge et avec une bonne énergie vitale. Ils adorent parler fort, rire ensemble de façon assez démonstrative et sont entre eux plutôt familiers. Cela tranche avec l’image que l’on aurait ici du Japonais impassible et réservé. Hé non, ils ne le sont pas tous, les villageois, par exemple, ne sont pas comme ça.

Par ailleurs, la bonne humeur sans nuages affichée par M. Namikoshi plaiderait plutôt en faveur de l’efficacité du shiatsu et du fait de vivre sa pratique. N’attendrait-on pas d’un praticien qu’il applique et vive ce qu’il préconise ? Et ‘bien rire’ était un des critères de bonne santé de M. Namikoshi, avec bien manger, bien dormir, bien évacuer et bien travailler. Pour renforcer votre immunité, riez au moins 5 minutes par jour, les médecins éclairés le disent également. Et quand ‘Shin’ est radieux, pas besoin de se forcer, cela vient tout seul.

Désolé de creuser une seule phrase de façon aussi méticuleuse, mais vous voyez qu’au final, la compréhension a gagné en profondeur.

Ce qui ressort de cette analyse


Car arrivé au bout de ce parcours analytique, nous pouvons donc dire que :

  • Il y a des divergences et des imprécisions quant à la façon d’écrire et de comprendre le texte japonais, et donc beaucoup d’approximations de traduction et des interprétations

  • Des mots comme ‘cœur’ , ‘mère’ et ‘vie’ sont des pièges en matière de compréhension, nos concepts occidentaux ne rentrent pas dans les mots japonais : en être conscient et ne pas interpréter en fonction de nos croyances 

  • M. Namikoshi dit lui-même que c’est le slogan du shiatsu et un slogan se retient normalement facilement, par son contenu, la rythmique de la phrase, l’utilisation répétée dans les media et la façon de le dire. Ce slogan fonctionne, il a sans aucun doute contribué à populariser le shiatsu. 

  • On peut rester au niveau du slogan et du body language qui l’accompagne, c’est l’effet mnémotechnique, mais on peut aussi aller voir le sous-jacent.

  • Si on analyse le slogan, on voit qu’il y a deux phrases, la première dit ce qu’est le shiatsu, la seconde donne la méthode (faire des pressions) et décrit l’effet. 

  • Pour un slogan, le choix des mots ne semble quand même pas facile ou innocent, mais plutôt subtil et avec de nombreuses nuances possibles. 

Traduction


Alors lançons-nous pour une traduction la plus littérale possible :

  • Shiatsu no kokoro (wa) : (Au sujet de) l’état d’esprit / du ressenti profond du shiatsu
  • Hahagokoro : (c’est) avoir le ressenti profond de la Source (de l’origine du Ki)
  • Oseba : si faire (on fait) des pressions verticalement de haut en bas

  • Inochi no izumi waku : la fontaine (bouillonnante) de la Vie de jaillir / d’apparaître soudainement.

  • Hahaha

A partir de là, tentons de formuler en bon français sans dévier du sens littéral.

Concernant le ressenti profond propre au shiatsu, il s’agit du ressenti profond de l’origine du ki. Si on fait des pressions verticalement, le flux impétueux de la Vie apparaît /jaillit soudainement.

Et, avec toutes les connotations que nous avons évoquées dans l’analyse mot à mot, voici ce que je comprends :

Le ressenti profond propre au shiatsu est le ressenti profond de l’origine de la vie, quand on se place à la Source du Ki. Si je fais des pressions verticales du haut vers le bas, le flux impétueux de la Vie apparaît soudainement. Cela me traverse et me rend joyeux (hahaha).

On est bien loin de ‘le shiatsu est l’amour maternel’. Désolé pour ceux qui aiment les choses simples.

Et vous, comment formuleriez-vous, sans interpréter ? J’aimerais lire vos phrases à partir de l’étymologie.

Minimalisme, mantra et norito


Achevons la réflexion (et les lecteurs) et élargissons le débat pour terminer.

Comme ce n’est pas un slogan idiot, mais avec beaucoup de profondeur et peut-être plusieurs couches, il me vient à l’esprit que nous pourrions l’utiliser, le répéter à voix haute, le scander, le chanter… voire le traduire en gestes

Car ne perdons pas de vue la gestuelle de M. Namikoshi : pouces dressés en avant, ramener à soi, et laisser jaillir le rire en levant les bras au Ciel. En ce sens, le slogan est l'expression à travers le corps du flux de Vie qui nous traverse.

Et n’évoquions-nous pas les possibles liens du shiatsu et de la musique dans un article précédent ?


Philip Glass


Ainsi, répéter, murmurer, chantonner ou crier le shiatsu no kokoro dans nos cabinets finirait-il par faire comme dans la chanson Changing opinion sur l’album Songs of Liquid Days de Philip Glass ? (une des œuvres majeures du minimalisme).



Quelques extraits de ce song pourraient bien nous parler et faire écho à la pratique et au slogan du shiatsu :

‘Gradually we became aware of a hum in the room’ …
Sometimes it was a murmur
Sometimes it was a pulse…
Maybe it's the hum of our parents' voices
Long ago in a soft light…
Maybe it's the hum of changing opinion
Or a foreign language 
In prayer.

Hum (bourdonnement), pulse (pulsation, qui nous renvoie au coeur), chanter 'shiatsu no kokoro' serait-il finalement une expression  sonore de 'hahagokoro', en Anglais 'Mum's hum' ?

Et la conclusion nous amène à l’hypothèse suivante :

Maybe it's the mantra of the walls and wiring
Deep breathing 
In soft air.

Mantra


Dès lors, le slogan pourrait-il être un mantra, comme en ont les Indiens depuis toute éternité ? Car le mantra est puissance sous forme de son, énergie qui peut même obliger les dieux à obéir.

Pour Pierre Feuga (in ‘Tantrisme’), l’ardente inspiration, la volonté sans faille, la concentration d’énergie sont des conditions indispensables à la récitation’. Le mantra est vibration. Mais pour que le mantra fonctionne, il faut une transmission orale et personnelle, et connaître la façon de réveiller sa puissance. Cela va être compliqué.

Mais au moins avons-nous œuvré dans le bon sens car ‘celui qui répète le mantra sans en connaître le sens est comme un âne qui transporte une charge de bois de santal : il en connaît le poids mais ne jouit pas du parfum’. On n’en fera pas un vrai mantra, mais on voit l’idée. Toujours savoir ce qu’on fait, (et donc aussi ce qu’on dit), selon Bernard Bouheret.

Norito


Pourrait-on alors l’utiliser comme un norito ? Car voilà qui est bien japonais et même shintô.

Le norito appartient au monde du sacré. Les vibrations suite à la prononciation de ces syllabes ont un effet calmant et nous connectent l'inexprimable. Voilà qui nous ramène au kotodama.

'Le norito est un Misogi (purification). Par essence il n’est jamais parfait, il change et évolue. Il est le reflet d’un moment de notre être.'  (Régis Soavi)

Répéter à la japonaise 'shiatsu no kokoro' en nous imprégnant de la vibration rythmique des syllabes est peut-être une pratique qui ouvre à certaines choses… qui le dira, sinon celui ou celle qui le pratiquera au quotidien ? 

Hahaha






 

Sunday 4 October 2020

Le long chemin des méridiens - Regards japonais et utilisation en cabinet

Maintenant que l’étymologie nous a fait comprendre ce que l’on veut dire par ‘méridien’ (article précédent), considérons l’usage que l’on peut en faire.

Et puisque nous pratiquons un art japonais, intéressons-nous à des spécialistes au Japon.

Trois regards japonais sur les méridiens


Katsusuke Serizawa


Le Monsieur Tsubo cité dans un récent article, M. Serizawa, ne s’intéresse pas tellement aux méridiens mais ne les nie pas pour autant. Il part des organes et des entrailles, qui contrôlent le corps humain. L’énergie pour leur fonctionnement correct est fournie par un système total divisé en un système par organe. Les systèmes sont appelés méridiens, et il y en a donc 12. Des déficiences ou excès d’énergie dans ces systèmes déterminent si la personne est en bonne santé ou malade.

En outre, il y a 8 sous-systèmes dans le corps qui rendent possible les ajustements des intensités de l’énergie dans les 12 systèmes de base.  Ces sous-systèmes sont appelés keimyaku, ou vaisseaux. Les systèmes et sous-systèmes transportent le sang et l’énergie à travers le corps (KI Energie気  KETSU sang ).

Parmi les causes de maladies, les situations mentales et émotionnelles sont extrêmement importantes, avec dans leur sillage les soucis familiaux, les souffrances mentales résultant de divers désirs (succès, avidité, trop de sexe et d’alcool) qui génèrent des maladies. Les causes ne sont jamais exclusivement internes ou externes. La stagnation du flux d’énergie dans les systèmes de méridiens et le mauvais fonctionnement des organes et des tissus du corps produisent divers symptômes pathologiques.

Pour trouver le bon tsubo à traiter, il faut connaître le système de méridiens affecté, qui révèle l’origine du problème (et non se limiter au symptôme). Un mal d’estomac peut provenir du Foie, des Poumons, etc. Et c’est pourquoi la médecine orientale traite chacun comme un cas individuel.

Après, les traitements de M. Serizawa sont basés sur des kata de points, pour lesquels il utilise évidemment la numérotation par méridien, mais les noms… en Chinois. Allez comprendre pourquoi...

Shizuto Masunaga

A la base du shiatsu plutôt axé sur les méridiens de M. Masunaga, se trouve en fait un ressenti

Dans ‘Shiatsu et Médecine Orientale’, il nous dit ‘les méridiens que j’expérimentais ne concordaient pas avec ceux du traité classique. Il était incompréhensible  que les méridiens soient représentés comme de simples lignes reliant les Keiketsu. Il était curieux que du point de vue de  l’activité d’êtres plastiques les méridiens se présentent sous la forme de lignes toutes droites ou fassent de brusques détours. On en vient à la conclusion que la carte classique des méridiens est une carte simplifiée dans un but de facilité pour le traitement et que celle-ci a été tracée en faisant des keiketsu – les points de pratique – l’élément essentiel.  

Dès lors rien ne devrait s’opposer à ce qu’on ajoute des méridiens dont les réactions sont sensibles et qui se révèlent efficaces. Et de même, rien n’interdit d’appuyer entre les keiketsu classiques et on trouve de nombreux tsubo qui donnent au sujet une sensation de bien-être'.

Et, en bon chercheur, M. Masunaga a voulu, comme il dit, ‘ appréhender sur moi-même les trajets de

circulation des méridiens, comme une sensation de quelque chose qui s’écoulerait dans le corps’.  

Cette sensation du corps est à la base de ses exercices des méridiens (keiraku taisô) puisqu’il ajoute ‘je me suis rendu compte  que par des mouvements souples et lents, il me devenait possible de percevoir ceux-ci’ (les méridiens).  Ajoutant ‘je suis finalement parvenu à trouver six postures’ et ‘leur ressemblance avec les exercices de Jikyôjutsu (mélange de Dô In et de gymnastique moderne) est tout à fait fortuite’. (Et, au risque d'insister : ils n'ont rien à voir avec le Makkô Hô).

Mais on entrevoit là une constante dans la façon de mouvoir son corps, qui ne renforce aucunement les muscles ou le squelette (ces exercices étant qualifiés d’intellectuels), mais met en jeu les six sortes de systèmes fonctionnels de l’ensemble du corps.

Et donc, le mouvement se fait dans les directions vers lesquelles se dirige le Ki-Ketsu : devant, extérieur, intérieur, derrière, surface, profondeur et les côtés. Là où manque le Ki-Ketsu, c’est Kyô. Là où il stagne, c’est Jitsu.

Et il ajoute que comme les méridiens sont des systèmes qui enregistrent toute altération survenant dans l’organisme, procéder à la remise en ordre de ceux-ci revient à faire le traitement holistique du corps tel que l’envisage la médecine orientale.

C’est donc une autre vision, même si on utilise encore les tsubo.

On ne part pas des symptômes, mais d’altération pathologique de l’ensemble de l’organisme, le traitement est holistique.

On fait confiance à son ressenti pour trouver les endroits / les parcours à traiter

La vision est dynamique, elle considère le flux, ses directions et ses altérations, nous sommes en fait plus dans des circulations que dans des schémas statiques.

Que M. Masunaga ait complété /augmenté les trajets des méridiens classiques n’est pas entre-temps pour nous surprendre, puisque nous savons maintenant que les anciens traités mentionnent 32 méridiens KEI et 68 RAKU. Il serait intéressant de voir s’il a eu accès à et s’est inspiré de matériel existant, pour modéliser ou guider son ressenti.

Arrêtons-nous là, le but n’étant pas de réécrire un traité sur les méridiens, et examinons une troisième vision, plus contemporaine.

Ryokyu Endo

Ryokyu Endo propose lui aussi une vision axée sur les méridiens. Un homme aux multiples talents, puisqu’il est le créateur d’un style de shiatsu, le Tao Shiatsu, musicien,  moine Jodo (Terre Pure) au Wadenji de Kyoto…  (https://endo-ryokyu.com/). Son site mentionne sobrement qu’il a créé cette méthode, étant devenu capable, en pratiquant, de voir le mouvement du Ki et les méridiens.

Le Tao Shiatsu travaille sur les pressions, la posture et la stabilité, le mouvement du ki… et développe des techniques propres. Il définit les méridiens comme des courants du ki vital et aucune trace n’en subsiste donc après la mort. Les organes ne sont pas la vie, mais des outils qui étayent le corps physique. Les méridiens sont plus proches de l’essence de la Vie que les organes. Ainsi, dit-il ‘les méridiens sont liés à la vie invisible et l’anatomie nie leur existence’. L’essence de la Vie peut être perçue uniquement à travers de vraies sensations et le visible n’est qu’une portion infinitésimale.

Les méridiens forment la toile de fond des organes anatomiques et sont à l’origine de toutes les fonctions vitales. En quelque sorte, le courant d’énergie vitale, la Vie qui sous-tend le fonctionnement du corps. Vision intéressante, car elle nous invite à abandonner toute tentative d’explication anatomique et toute spéculation sur la détection scientifique des méridiens : on ne trouvera rien.

Si l’étude des méridiens doit suivre le tracé d’un diagramme, toutefois, ils sont difficiles à trouver en un emplacement précis, car ils sont caractérisés par leur changement incessant de position. Pour guérir les troubles, les thérapeutes doivent s’adapter au changement des méridiens, et donc développer leur réceptivité, devenir ‘comme des enfants’. Devenir capable, en fait, de percevoir la douleur ou la joie d’une autre personne comme les siennes propres.

Sa démarche est similaire à celle de M. Masunaga, tout en allant plus loin et il s'est fait, comme il dit,  ‘une idée nette’ de l’existence de 24 méridiens parcourant l’ensemble du corps. Ainsi, pour M. Endo :

  • Il est inconcevable que les méridiens s’arrêtent à un endroit donné, puisque la Vie circule à travers eux

  • Il est anormal que des méridiens montent par les cuisses et s’arrêtent à l’aine

  • Il y a douze méridiens sur chaque côté du dos

  • Les méridiens des bras et des jambes circulent en paires

  • Le Vaisseau Conception et le Gouverneur circulent aussi sur les bras et les jambes et la zone du dos.

Il donne une technique pour détecter les méridiens : ‘lorsqu’un thérapeute applique une pression (continue) sur deux points du même méridien, ces deux points doivent être ressentis comme un seul’. Après quelques secondes, le patient ne perçoit plus la pression que sur un seul point et non deux. A ce moment, vous avez trouvé un méridien. Voilà qui nous incite à chercher les connexions.

Quant aux tsubo utilisés en Tao Shiatsu (traduits par ‘creux physiologiques des méridiens’), ils n’ont pas de position anatomique précise, puisqu’ils changent en fonction des circonstances. Ils sont l’accès aux méridiens et importants pour les méridiens kyo situés à la fois en surface et en profondeur. Si on ne comprend pas les tsubo, au lieu d’être un aspect de la vie, les méridiens ne sont que des lignes courant à la surface du corps. Nous ne savons pas pourquoi de tels creux physiologiques apparaissent sur les méridiens, mais ils sont des points importants pour le traitement.

Ryokyu Endo ajoute que lorsque le concept de méridiens est exclu de méthodes thérapeutiques comme le shiatsu et l’acupuncture, ces pratiques ne peuvent plus entrer dans la catégorie de la médecine orientale. Les méridiens permettent de poser un diagnostic individuel et il s’agit donc de médecine, sinon ce sont des méthodes curatives

Le travail avec les classifications de maladies est occidental et le shiatsu basé sur ces diagnostics ne permet pas au thérapeute de décider vraiment du traitement et donc, d’en être responsable.

Trois visions intéressantes pour enrichir notre pratique, et qui ne s'excluent pas. Et il y a sans doute encore bien d’autres théories, classifications, utilisations de méridiens, existantes ou à venir…


La disparition des méridiens… et des points


La lecture de ce qui précède nous amène à une constatation intéressante sur l’impermanence des méridiens et des points.

Cela vient éclairer cette remarque faite un jour en stage par Maître Ohashi dans son stage sur la psychologie des méridiens : ‘le problème doit être assez visible pour pouvoir être traité. Lorsqu’il y a désir, focus, le méridien est présent. Lorsque c’est bien équilibré, le méridien disparaît’. Il rejoint ici M. Masunaga dans sa perception de la spatialité des méridiens et des directions du Ki Ketsu. Lorsque le but est atteint, le méridien disparaît. Et il ajoute que ‘tsubo, méridiens, tout cela est très subjectif. C’est notre chance et, en même temps, c’est une difficulté’. 

Pour Ryokyu Endo, les tsubo mêmes disparaissent car  ‘quand on applique une pression régulière et constante, les tsubo se remplissent de ki et disparaissent de la zone respective du corps’.

Donc, au fond, pourquoi nous préoccuper tellement de tout cela, puisque, le traitement terminé, on n’en parle plus ?

Et puis alors, on fait des points ou des méridiens, ou les deux ?

Deux approches, une pratique

Au terme de ces trois articles, il me semble donc que le besoin de classifier les shiatsu en shiatsu de méridiens et shiatsu de points est plutôt une manie d’Occidental et il apparaît clairement des quelques réflexions ci-dessus que les Japonais, quand ils privilégient les tsubo, n’oublient pas les méridiens, et, quand ils mettent en avant les méridiens, tiennent compte des tsubo. Et, dans notre pratique, il me semble également que nous faisons de même, sans avoir le besoin de trop y réfléchir.

Rappelez-vous, à la base déjà, le mot général KEIKETSU, traduit par ‘point’, intègre aussi bien le tsubo que la ligne verticale sur laquelle on le situe.

Il y a plusieurs angles d’approches qui ne s’excluent pas :

  • Occidental ET Oriental : gardons bien en tête que le shiatsu s’inspire des deux, et posons là que, peut-être, l’approche par points /symptômes /traitement parle plus facilement à un Occidental, tandis que le concept des Méridiens / ressenti lui est plus étranger et se rapproche plus de la médecine holistique orientale.

  • Chinois ET Japonais : nous avons vu que les Japonais, arrivant après les Chinois sur certaines conceptions d’origine chinoise, développent leur propre vision et considèrent d’autres approches. On ne peut donc pas se limiter à la vision purement chinoise si on fait du shiatsu, on doit se demander quelle est l’approche japonaise de la chose. Il y a un génie particulier propre aux Japonais. Les subtiles différences, déjà dans le choix des mots, expriment bien cela.

  • Energétique ET anatomique : les tsubo sont plus faciles à intégrer dans une approche anatomique / physiologique (en tout cas dans leur localisation classique), tandis que les méridiens sont de l’ordre du ressenti et de l’énergétique, anatomiquement ils sont et resteront sans doute indétectables. Cela nous délivre du besoin de nous expliquer…

  • Ressenti ET savoir, expérience ET apprentissage : si un savoir est évidemment nécessaire pour comprendre cette vision de l’humain et l’appliquer, il n’est qu’un panneau indicateur et le ressenti seul dira l’emplacement exact des tsubo et la qualité des méridiens à travailler.

Vous avez remarqué que je n’oppose pas ces visions par ‘ou’, mais que je mets un ‘ET’. ‘Ou’ n’a, philosophiquement, pas sa place dans une pratique orientale.

Dans la pratique quotidienne

Avec le temps, il me semble aussi qu’il y a plusieurs étapes, inévitablement, dans la pratique et l’évolution d’un praticien, qu’il s’agisse de tsubo, de méridiens, de tout concept, technique, ressenti…

Au début, on nous apprend évidemment le trajet des méridiens (classiques ou Masunaga selon les écoles), l’emplacement et l’affectation des points. Et, en bons élèves appliqués, quand nous travaillons sur quelqu’un et que nous décidons, par exemple, de faire le Poumon, nous faisons consciencieusement tout le méridien.

Au bout d’un temps, on se rend compte que ce n’est pas vraiment nécessaire, et on ne travaille plus que les points les plus importants, les Shu par exemple, ou des parties de méridiens qui font sens pour le problème en présence.

On nous apprend également des kata, càd des enchaînements de mouvements et de points, qui sont généralement de bonnes entrées en matière et de bonnes pratiques quand il n’y a pas de chose particulière à travailler. Après, nous inventons nos propres kata, et la seule mesure de leur pertinence est leur effet et leur efficacité.

J’en suis venu, finalement, tout en gardant la boîte à outils qui précède, à rechercher les connexions de points sur un même ou sur différents méridiens, et les mains font comme une promenade sur le corps le long des méridiens (ou pas), s’arrêtant où elles sentent que c’est nécessaire


La vision globale du corps et de ses couches énergétiques m’inspire actuellement beaucoup et donc, ne pas perdre de vue que les méridiens sont du Sud/Nord, Ciel/Terre est inspirant pour le travail. Le Vaisseau Ceinture venant tenir tout cela ensemble… Dimension spatiale du travail, et dimension temporelle dans le rythme, l’intensité des pressions.

Et je me réjouis de savoir qu’il y a d’autres voies à explorer, et d’autres étapes de développement à venir.

Un aspect essentiel restera toujours le ressenti des receveurs. Il arrive qu’en pressant certains points, le receveur indique des sensations à divers endroits du corps et, parfois, il indique exactement le trajet du méridien. Merveilleuse confirmation de leur existence et de la pertinence du travail en cours …

Travaille-t-on mal quand on commence le shiatsu et qu’on fait de façon hésitante ce qu’on vient d’apprendre ? Non, puisque, quand on commence, des clients viennent et cette façon de travailler leur convient, visiblement. L’essentiel va être dans le travail sur soi, l’ouverture, le ressenti, la présence, l’intention et l’attention, l’intensité de l’échange… et toujours SHOSHIN ‘le ressenti profond des premiers instants’, l’état d’esprit qui ne devrait jamais nous quitter.

N’oublions pas par ailleurs cette petite phrase assassine de M. Masunaga : ‘Cependant, même sans étudier beaucoup, on peut, néanmoins, obtenir de bons résultats, et même si on ne connaît pas bien la théorie, on ne court pas de grands risques. Un fait peut le prouver, c’est le peu d’efforts que font aujourd’hui  les thérapeutes de shiatsu, une fois leurs études terminées, pour continuer à apprendre et à lire des ouvrages, comme le font les acupuncteurs. Parce que, même si on manque les Tsubo et même si le degré des pressions n’est pas convenable, l’action des Tsubo se fait malgré tout ici ou là, quand on appuie plus fort un peu partout. Une telle façon de faire, cependant, rend impossible la prise des Tsubo efficaces pour les personnes réellement malades’.

Voilà qui est clair : peu importe le niveau, mais soyons conscients que

  • si nous nous trompons, ce n’est pas grave, il n’y a pas de risques
  • si nous sommes des feignants, nous ne serons pas vraiment efficaces.

Oh, les jolis paradoxes orientaux !

Je nous souhaite un bon travail, sur 12, 24, 32 ou 100 méridiens, entre keiketsu, tsubo, keiraku, myaku et autres termes inspirants qui vous sont familiers maintenant.