Il est bien là, le printemps, même si la météo fraîche
semble nous dire que non. Les végétaux sont prêts à exploser au moindre redoux.
L’hamamélis, le jasmin, les perce-neige et les hellébores, fleurs de l’hiver,
prennent doucement congé. Les narcisses
s’impatientent, les « chatons », bourgeons du saule gris et duveteux,
apparaissent sur les arbres.
De multiples signes nous annoncent le printemps. Et il s’en
passe des choses, sur et sous
terre ! Le changement est permanent. Les anciens Chinois avaient divisé
l’année en 24 périodes de changement de 15 jours, soit trois fois 5
jours : 5 jours de préparation, 5 jours d’installation et 5 jours de
manifestation du changement. La période de début février s’appelle
« commencement du printemps », et elle coïncide avec le commencement
de l’année (« Nouvel-An Chinois »). Le milieu du printemps, pour les Chinois,
c’est l’équinoxe vers le 21 mars. Cette façon de compter est plus juste, car
elle s’aligne sur la Nature, et pas sur une conception du monde (chrétienne),
comme en Occident.
Donc, nous sommes bien au printemps. Et l’être humain ne
peut pas se dissocier de la Nature et des cycles naturels, sinon, il risque
d’avoir des problèmes, notamment de santé et d’identité. Les grands mouvements
d’énergie que nous voyons à l’œuvre dans les saisons sont également à l’œuvre
en nous. Il convient donc de suivre le mouvement de l’énergie, qui, après avoir
quitté le point le plus Yin au solstice d’hiver, repart graduellement vers le
point le plus Yang, le solstice d’été. Entre les deux, la part du Yang
augmente, et la part du Yin diminue. Le Yang, c’est-à-dire la priorité donnée à
l’action, au mouvement, à l’extraversion. Nous pouvons donc entreprendre, car
cela nous démange. Mais pas si vite.
Voyons comment les Chinois expliquaient cela. Mais si vous
voulez, vous pouvez passer directement aux conseils.
La montée du Yang, selon les Chinois
D’abord, prenons conscience de ce réveil de la Nature. Coup de tonnerre dans un ciel tout
gris !
Trois trigrammes nous montrent le chemin de la montée du
Yang, avec le Tonnerre, dit encore l’Eveilleur, qui sonne le début du cycle Yang. Ce n’est pas
rien, un coup de tonnerre. On sursaute.
« Wachet auf, ruft uns die Stimme » chantent les Protestants
dans le célèbre choral du Veilleur.
Il s’agit de se réveiller et de se secouer.
Le trigramme « Tonnerre » est suivi par le Feu (soit la clarté,
l’évidence, la conscience) au moment de l’équinoxe. Et puis vient le trigramme du Lac, ou encore
la Joyeuse Communication, la brume, la dissipation. C’est déjà le début de
l’été.
Ce mouvement Yang se traduit comme suit, si on observe ses effets : activité, fermeté, force, croissance, avance, expansion, extériorisation, positivité, légèreté, fluidité. Au cours des prochaines semaines, notre énergie va comporter une part croissante de ces éléments.
De ce côté gauche du diagramme, les traits de base sont tous
Yang. Le mouvement général est une
attraction vers le haut, on monte. Le
mouvement est de la Terre vers le Ciel, les végétaux poussent. Et nous allons
nous sentir des ailes, avec l’envie de faire mille choses.
Comme toujours, ces envies sont à ressentir et c’est bon de
ne pas les retenir, mais il faut quelque peu tempérer. D’abord, ce n’est pas
parce que le mouvement général est Yang que tout est Yang. On observe qu’il
reste toujours au moins un trait Yin dans les trigrammes qui montent à gauche du diagramme. Et une fois
arrivé au maximum du Yang, le Yin réapparaît tout de suite, comme le montre le
Tai Ji. Yin et Yang sont un rapport
dynamique : pas l’un sans l’autre.
Et ensuite, le Yang ne peut trouver à s’exprimer pleinement
que si le Yin a été nourri correctement. En d’autres termes, si nous avons mis
l’hiver à profit pour nourrir notre Yin en restant tranquille, au chaud et au calme,
en respectant une nécessaire introspection, en nous reposant suffisamment, alors,
nous pouvons nous lancer au printemps. Si ce n’est pas le cas, nous partons
avec un handicap certain, une fatigue résiduelle, un manque d’énergie. Et nous
risquons de ne pas tenir la distance.
Voilà ce que peuvent nous apprendre les trigrammes Chinois
(disposition de Fu Xi, soit le monde cosmologique). Et comme microcosme
= macrocosme, en tant qu’humains, nous sommes soumis à ces mêmes lois et
mouvements.
Et maintenant, appliquons
Si ce qui précède est du Chinois, pour vous, ce n’est pas grave. S’il est bon de comprendre
les mouvements de l’énergie, il vaut surtout mieux les appliquer.
Donc, d’abord, soyons sûrs d’avoir bien récupéré en hiver et
d’avoir protégé notre immunité.
Gare aux microbes à la sortie d’un hiver sans lumière, où
notre immunité a été mise à rude épreuve. La glace fond lentement. Les variations de température sont
redoutables pour notre santé et la bonne circulation de notre énergie. Prenons
soin de nous, et pas d’excès, restons couverts, restons prudents. C’est un peu
le conseil général : allons-y doucement. L’image est celle du chat qui
s’étire après une bonne sieste et avant d’aller courir dans le vaste monde. Dès lors, la pratique quotidienne du DO IN
(les étirements des méridiens) s’avère idéale pour remettre notre énergie en
route.
Envie de faire du DO IN ? Faites-le moi savoir, on peut
organiser une pratique de groupe.
Que peut faire le shiatsu pour vous, au printemps ?
Indépendamment, ou en plus du problème précis pour lequel
vous venez consulter, il est bon de garder à chaque saison une attention
particulière pour l’énergie du moment. Les méridiens concernés au printemps
sont le Foie et la Vésicule Biliaire.
Nous serons donc plus particulièrement attentifs à l’énergie
du Foie, qui est l’organe dominant au printemps. Le Foie évacue les toxines du
corps, fait le grand nettoyage, vous donne la capacité de réaliser et
l’endurance. Il peut aussi, s’il est trop fort, causer de soudains accès de
colère ou un sentiment de frustration, ou encore le « Feu du Foie »
peut faire monter l’énergie beaucoup trop haut et vous déséquilibrer, à l’image
d’une quille dont le centre de gravité se situerait soudain dans le haut du
corps. Un équilibre très instable ! A toute saison, une part du travail consiste à
« redescendre », à centrer, pour ne pas perdre l’ancrage.
Le Foie
doit d’ailleurs pouvoir faire le nettoyage de l’entièreté du corps et, si vous
êtes bloqué au niveau du Vaisseau Ceinture, il ne pourra pas bien travailler. C’est
pourquoi on travaillera également le méridien couplé, Vésicule Biliaire et
particulièrement le point 41 qui harmonise le Vaisseau Ceinture. Il s’appelle
Rinkyu, « Se pencher pour
pleurer ». Ne voilà-t-il pas un double mouvement vers le bas ?
Si le Foie – « Le Grand Général des Armées »
n’arrive pas à travailler correctement, vous ferez des cauchemars, dormirez
mal, vous réveillerez franchement de travers, fatigués, lourds, saturés, gavés…
L’énergie tourne en rond, il y a des frustrations, de la colère.
Je parlais plus haut de l’importance du rapport à
l’espace-temps et de la nécessité de s’y conformer. Nous avons vu que le
printemps « vient » en quelque sorte de l’hiver, moment le plus Yin
de l’année qui appelle un nouveau départ. A chaque saison, on stimulera donc
sur chaque méridien des points particuliers, car les différentes composantes de
notre énergie vitale y sont associées, et l’énergie est plus présente sur ces
points à ce moment-là.
Le Printemps est la saison où on tonifiera les points
« Eau », associés à l’hiver, dans la logique du cycle d’engendrement
des cinq mouvements. Ces points, appartenant aux points dits « Shu antiques », sont tous situés sur les bras et les jambes,
entre les extrémités et les articulations du coude et du genou. On travaillera
donc P5-MC3-C3-GI2-TF2-IG2 sur les bras et les mains, et RP9, F8, R10, ES44,
VB43 et V66 sur les jambes et les pieds.
Et plein de choses à faire soi-même
Recevoir un shiatsu est une excellente chose, mais la
participation active dans votre vie maximise les résultats.
Vous pouvez donc prendre soin de notre organe Foie en lui
offrant une cure de désintoxication de toutes les toxines accumulées en hiver.
Il existe d’excellentes cures de plantes chez les herboristes. Et le jus
matinal de citron chaud est excellent. J’aime pour ma part le vinaigre de
cidre. Et la nature offre les bonnes plantes au bon moment : jeunes orties
pour désintoxiquer, ou sève de bouleau. Si vous ne savez pas quoi manger,
informez-vous de ce qui pousse en ce moment. Il vaut toujours mieux consommer
les plantes locales, et de saison.
Puisqu’au printemps l’énergie se remet en mouvement, nous
aussi. La marche quotidienne s’avère un excellent moyen de rester en bonne
santé. Trop peu de mouvement affaiblit non seulement les jambes, mais cause
aussi des problèmes d’évacuation.
Marchons, donc, mais sans pour autant courir le marathon. Les textes
anciens disent « allons marcher dans la cour », et prendre le jeune
soleil.
Pour vivre en harmonie, il est bon d’être conséquent,
au-dedans comme au-dehors. Le grand nettoyage printanier de notre lieu de vie
et de tout ce qui nous encombre nous aidera à laisser notre créativité
s’épanouir. C’est le moment de mettre en œuvre nos projets, nos élans, nos
nouvelles aspirations.
Sur le plan de l’alimentation, enfin, répétons-le, mangeons
de saison et local. Bonne nouvelle, après la relative disette et monotonie de
l’hiver, les jeunes pousses printanières, feuilles et racines, garniront
bientôt à nouveau notre assiette. C’est la fête du Vert, la couleur dominante
du printemps. Un véritable plaisir pour les yeux… associés par ailleurs
également au Foie. La nature est bien faite.
Je vous souhaite de beaux moments printaniers.
No comments:
Post a Comment