Tuesday, 21 December 2021

Rituels pour un solstice d'hiver

Nuits encadrant le 21 décembre… les nuits les plus longues de l’année. La lumière semble absente.

Les Anciens ont mis en place toutes sortes de rituels pour accompagner ce moment. Ils craignaient que le soleil ne revienne pas.

Faire du shiatsu, c’est aussi se relier à cette sagesse ancienne, pratiquer sur soi-même, observer la nature et s’y conformer. A  l’image de l’Empereur qui matérialisait en son Palais les changements de saison par des rituels, des offrandes, des prières… nous sommes nous aussi appelés à prendre cette place entre Ciel et Terre. Derniers maillons de la chaîne, nous perpétuons.

Chacun fera comme il voudra, mais je vous raconte le mien de ce 21 décembre.

Rituel de solstice


6h30 : la lune à son apogée est juste dans l’encadrement de la fenêtre de ma salle de pratique. Elle a brillé toute la nuit. Nuit la plus noire, lune brillante et claire. Voilà qui est de bonne augure, car l’année redémarre aujourd’hui. L’énergie repart vers le haut


Se souvenir que de l’autre côté de la planère, ils commencent à redescendre. Yinyang, toujours.

Je m’installe dans la lumière de la lune. Ce matin, je n’allumerai aucune lampe électrique. L’homme s’efface devant la grandeur du moment et ne doit pas interférer. Méditation. Respiration. Contemplation.



Quand la lune quitte l’encadrement de la fenêtre, j’allume la bougie ronde, rouge, brillante, prémice de l’été qui s’enclenche déjà. Rouge, Feu, Sud, droit devant. Shin.

C’est le moment de chanter l’Inari norito, prière shinto au kami de la prospérité. « Ashita ni yûbe ni isoshimi tsutomuru’ : jour et nuit je m’attellerai à mes tâches avec diligence. Cela ne tombe jamais du Ciel.

Quelques sons de bol tibétain pour me rappeler que tout est vibration, que rythme et musique me constituent. Un son, une opportunité de plus grand Eveil, un  retour de l’attention.

Shinto, puis Bouddhisme. Je chante le Hannya Shingyô, càd (correctement traduit) le ‘Sutra de la Grande Perfection qui permet d’aller au-delà’. Beau programme, le voyage commence, mais pas tout seul ‘gyate, gyate, hara gyate, hara  sô gyate, bôji sowaka’ : aller, aller, aller au-delà, aller ensemble au-delà, illumination, ha !

Et puis, pratique : Do In rituel, qui intègre 14 méridiens, 8 directions, 5 éléments, 5 saisons, Ciel Postérieur grâce à un parcours rituel sur le tapis.

Ecouter un peu de musique : dans la tradition catholique ancienne, le 21 décembre, on chante une antienne très particulière. Les 7 antiennes de l’Avent commencent toutes par ‘O’, signe de révérence, de respect et d’émerveillement. 

Celle du solstice ne fait de plus aucune référence à la tradition chrétienne : ‘O Oriens, splendor lucis aeternae et sol justitiae, veni et illumina sedentes in tenebris et umbra mortis’.  O Orient, splendeur de la lumière éternelle et soleil de justice, viens et illumine ceux qui sont assis dans les ténèbres et sous l’ombre de la mort’.  

On commence aujourd’hui. Pratiquer une discipline orientale, c’est aussi tenter d’amener un peu de cette lumière dans la vie, celle des autres et la nôtre.

Ecoutez l’antienne comme moi, suivie d’un commentaire pour orgue, comme il se doit. Des accords sombres, percés de petits rayons de lumière, accord ouvert sur la fin. Ouverture, et qui reste.


Il est temps de (petit-)déjeuner. Un de mes pommiers porte de belles pommes jusqu’en hiver. Il a légèrement gelé, la pelure de la pomme est délicatement givrée. Toute la force du printemps, de l’été et de l’automne dans ce fruit, amenées ainsi jusqu’au solstice. Le cycle redémarre.





Gratitude. Etre humain, c’est avoir la capacité de ressentir tout cela.